La pandémie de la Covid-19 a révélé les nombreuses lacunes dans nos connaissances du monde vivant et des mécanismes complexes de la transmission des virus. Elle doit nous alerter sur le fait qu’il ne faut pas baisser la garde par rapport à la nature qui n’est pas ce monde idyllique et serein que nous font miroiter des groupes de pression, héritiers de la pensée créationniste, mais un mande de violence dans lequel la prédation joue un rôle majeur. Et, surtout, cette nature est une source inépuisable de nuisances pour notre espèce, si l’on en croit les nombreuses maladies et épidémies qui ont affecté l’humanité depuis ses origines, ainsi que toutes les espèces vivantes d’ailleurs. Sans compter bien entendu les nombreux ravageurs de cultures, les animaux dangereux, et les aléas climatiques (sécheresses, inondations, etc..) qui constituent le quotidien des agriculteurs partout dans le monde… Eux, ils ont bien du mal à comprendre ce slogan conservationniste, totalement surréaliste, qui nous parle de « vivre en harmonie avec la nature ». Et eux n’ont pas accès aux médias !
Une lutte permanente
La réalité historique, celle que des historiens sérieux ont pu nous reconstituer, c’est que l’espèce humaine, pour survivre, a dû lutter en permanence contre les méfaits de la nature. Après avoir constaté en Europe que le recours à Dieu manquait d’efficacité (voir les nombreuses processions qui étaient organisées autrefois pour implorer sa grâce…) on a entrepris de lutter comme on le pouvait, et avec difficultés, contre ces nuisances pour pouvoir rendre notre cadre de vie moins aléatoire. On a érigé des protections contre les crues, construit des petites retenues pour pallier les sécheresses, et développé toute une panoplie de moyens de lutte contre les vecteurs de maladies et les ravageurs de culture. Bref nous avons tenté de sécuriser notre environnement. Etait-ce rédhibitoire ? chacun appréciera, mais il est clair que dans ce contexte, l’homme ne cherche pas à détruire la nature comme le laissent entendre les catéchumènes de l’apocalypse, mais tout simplement à protéger sa santé et ses sources d’alimentation. Ce n’est plus du tout la même perspective…. S’il y a eu des excès, ce qui est incontestable, ce n’est pas une raison pour laisser croire qu’il faut laisser la nature « reprendre ses droits ». Une autre expression favorite de ceux qui vivent maintenant en Europe, dans un univers urbain préservé de nombreuses nuisances, et pour qui la nature est devenue une réalité abstraite. On notera à ce propos que les invasions de criquets qui ont ravagé l’Afrique de l’est au début de l’année 2020 n’ont guère suscité d’émoi dans les milieux conservationnistes. La détresse de populations affectées par ces « bienfaits » de la nature, ce n’est pas leur problème ! Mais les incendies qui ont ravagé l’Australie et ont tué de nombreux animaux, çà c’est un drame !
Conservationnistes et Covid-19
Dans une tentative de récupération de la pandémie de la Covid-19, ces milieux conservationnistes, et des scientifiques qui leurs sont affiliés, ont laissé entendre insidieusement que la nature, en quelque sorte, se vengeait des déprédations que nous lui faisons subir. Cette récupération d’une crise sanitaire est particulièrement déplorable et a déjà été dénoncée. L’incertitude actuelle sur l’origine de la pandémie aurait du inciter à la retenue. Mais il y a pire… le créationnisme latent se manifeste dans des propos a priori anodins. Ainsi, dans un document intitulé « Erosion de la nature et émergence des pandémies » publié par le WWF en 2020, on peut lire cette phrase suivante « La conservation et le maintien de la nature et des bienfaits qu’elle procure sont essentiels pour préserver notre santé et notre bien-être ». Une phrase neutre et un peu triviale a priori si l’on pense que la nature est effectivement un lieu de détente et de loisirs pour les citoyens. Une phrase qui s’inscrit néanmoins dans un contexte idéologique construit par des économistes qui nous parlent de biens et services rendus par la nature, en faisant semblant d’ignorer qu’il existe aussi des dis-services, c’est-à-dire les méfaits évoqués plus haut qui ont un coût économique et social. Que penser d’un bilan qui ne prendrait en compte que les rentrées sans considérer les dépenses ? Une véritable opération d’intoxication à grande échelle mais qui servira d’argument dans les discours à charge contre l’espèce humaine… qui nous prive de ces services en détruisant la nature. Le cercle vicieux du dogme anti-humaniste (l’homme détruit la nature), est ainsi bouclé.
Nature je t’aime, moi non plus….
Pourtant cette phrase est tout simplement scandaleuse. Qui peut croire un seul instant que la protection de la nature va nous protéger du paludisme, de la schistosomiase, de l’onchocercose, de l’amibiase, de la leishmaniose, de la maladie du sommeil, des ténias, de la fièvre jaune, de l’échinococcose pour ne citer que ces parasitoses, sans compter toutes les maladies des animaux domestiques, et les maladies virales ! Ces maladies sont présentes aussi bien dans les milieux anthropisés que dans les milieux peu perturbés. A quel point sommes-nous anesthésiés par les discours conservationnistes pour avaler de telles couleuvres sans crier au scandale… car en réalité protéger la nature sans contrôler ses nuisances c’est condamner les populations des régions concernées aux maladies et à la misère. Un « détail » probablement pour ces intégristes de la conservation. Ceux là même qui ont aussi déplacé des millions d’Africains pour créer des aires protégées des hommes, les livrant ici encore à la misère au nom de la protection de la nature ? (G. Blanc, 2020 (1)).
Citoyens réveillez-vous vite, sinon vous allez vous retrouver au Moyen Age, quand l’inquisition vous intimait l’ordre de vous soumettre à la pensée dominante sous peine de finir en enfer. Le prosélytisme et les manipulations d’opinion d’activistes militants porteurs d’une vision mystique de la nature, une nouvelle religion comme disent certains observateurs, nous y conduit inéluctablement. Il serait temps de retrouver un peu de bon sens et de logique dans nos comportements. Nature, je t’aime, moi non plus…
(1) Blanc G., 2020. Le colonialisme vert.
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