La forte consommation d’aliments ultra-transformés est une nouvelle fois associée à des risques accrus pour la santé et une hausse de la mortalité.
Deux études européennes menées auprès de plus de 120.000 européens soulignent qu’une alimentation largement basée sur les aliments ultra-transformés provoque un risque accru d’obésité, d’hypertension artérielle, mais aussi de cancers. Toutes deux publiées jeudi 30 mai, les deux études, l’une française, l’autre espagnole, suggèrent que l’abus d’aliments ayant subi des procédés industriels de transformation, et contenant de nombreux additifs, généralement plus riches en sel, graisses saturées ou sucre et pauvres en vitamines et en fibres
Ainsi, le premier travail publié le 30 mai 2019 dans le British Medical Journal, (BMJ) a été mené par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra, de l’Université Paris 13 et du Cnam. Il souligne une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire. L’étude relevait ainsi 1.409 cas sur les 105.159 participants – et en particulier de maladies coronariennes – 665 cas – et de maladies cérébro-vasculaires – 829 cas. Plus largement, l’étude établit qu’une augmentation absolue de 10% de la part d’aliments ultra-transformés dans le régime * était associée à une augmentation de 12% de risque de maladies cardiovasculaires au global (13% pour les maladies coronariennes et 11% pour les maladies cérébro-vasculaires).
La seconde étude, réalisée par Maira Bes-Rastrollo (Université de Navarre, Pampelune, Espagne) s’intéressait entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de décès en général. Plusieurs aliments ont été regroupés selon le degré de transformation et les décès ont été dénombrés sur une moyenne de 10 ans. Les chercheurs ont découvert que ces aliments, lorsqu’ils étaient consommés plus de 4 fois par jour) provoquaient un risque accru de mortalité (toutes causes confondues) de 62 % comparativement à un groupe qui en mangeait moins de 2 fois par jour. Plus largement, l’étude a observé que chaque nouvelle portion journalière supplémentaire d’aliments ultra-transformés, augmentait le risque de mortalité de 18 %.
Ces résultats font écho à une troisième étude réalisée en France, publiée en févier 2018, reprise dans la Première lors de sa publication dans BMJ. Celle-ci s’intéressait au lien entre ces produits, « plus spécifiquement, les graisses et sauces ultra-transformées et les produits et boissons sucrées, et le risque de développer un cancer. « La consommation d’aliments ultra-transformés a été associée avec un risque global plus élevé de cancer [accru de 6 à 18%] » notaient les chercheurs français, avant de poursuivre « et un risque de cancer du sein [accru de 2 à 22%] ».
Des aliments sont considérés « ultra-transformés » quand ils ont subi des procédés industriels de transformation (huile hydrogénée, amidon modifié, etc.) et contiennent de nombreux ingrédients, notamment des additifs. Tous les plats préparés ne rentrent donc pas dans cette catégorie. En outre, cette étude observe les chiffres dans leur globalité sans pour autant entrer dans le détail des causalités.
Aussi ; il est possible que ce résultat soit également affecté par le style de vie souvent associée à cette consommation. « L’étude ne permet pas à elle seule de conclure à un lien de cause à effet, mais l’association entre aliments ultra-transformés et risque de maladies cardiovasculaires est statistiquement significative en tenant compte des autres caractéristiques des participants (tabac, alcool, niveau d’activité physique, statut socio-économique, âge, sexe, poids, etc.) », confirme le Dr Mathilde Touvier.