Des chercheurs français ont développé deux antibiotiques efficaces contre les bactéries résistantes. Elles seront bientôt être testées sur l’homme.
C’est un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour la médecine. Une équipe de l’université de Rennes a mis au point une formule antibiotique efficace pour éliminer des bactéries résistantes aux traitements existants. Ces deux nouvelles molécules se lient fortement avec la membrane bactérienne, qui devient alors poreuse et entraîne la mort des bactéries. Les résultats de leurs tests sur des rongeurs ont été publiés dans la revue américaine Plos Biology.
« Nous nous sommes rendu compte qu’une toxine fabriquée par les staphylocoques dorés dont le rôle était de faciliter l’infection était également capable de tuer d’autres bactéries présentes dans notre organisme » explique le Pr Brice Felden du laboratoire Inserm-Université de Rennes. « On a fait un pari un peu fou à l’époque. On s’est dit : est-ce qu’on va être capable de séparer l’activité toxique pour nos cellules de l’activité antibiotique pour en faire un nouvel antibiotique d’une nouvelle classe ? »
Les bactéries que les chercheurs ont identifiées ont été testées sur des souris de laboratoire infectées par des Staphylocoques dorés et des Pseudomonas aeruginosas antibiorésistants. Ils ont observé que 60 % des souris traitées avaient survécu, contre seulement 20 % dans le groupe contrôle sans le nouvel antibiotique. « On a eu de la chance, et un peu d’abnégation quand même, et on a réussi à enlever l’activité toxique et à augmenter considérablement l’activité antibiotique contre toute une série de bactéries » note le chercheur.
En outre, les bactéries laissées en contact avec ces nouveaux antibiotiques n’ont pas développé de résistance. Une bonne nouvelle lorsque l’on sait que les antibiotiques de nouvelle génération qui sont mis sur le marché sont rares et ne sont que en réalité que des dérivés des formules déjà existantes. Cette découverte n’est donc pas anodine. En particulier lorsqu‘on sait que 10 millions de personnes mourront dans le monde chaque année en 2050 à cause de la résistance aux antibiotiques actuels, selon l’OCDE.
« La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement », alertait l’OMS dans un rapport datant de novembre 2018. L’organisme mettant même en garde contre le risque d’« une ère post-antibiotique dans laquelle des infections courantes et de petites blessures seront à nouveau mortelles ». Ces deux nouveaux traitements constituent une piste sérieuse pour éviter une telle catastrophe.