Les vaisseaux sanguins alimentant les tumeurs cérébrales agressives possèdent des récepteurs qui pourraient permettre la création d’un nouveau type de médicaments anti-cancérigène. Le traitement serait encapsulé dans des nanoparticules et aurait la particularité de priver les cellules cancérigènes de l’énergie nécessaire à leur croissance et à leur multiplication. Il pourrait même amener les cellules cancérigènes à s’autodétruire. Ces avancées sont le fruit de recherches menées par les scientifiques des Universités de Nottingham et de Duke.
Les gliomes malins sont les tumeurs cérébrales les plus communes. Très agressives, elles laissent aux patients atteints, une durée de vie moyenne de 4,6 mois seulement, qui peut aller à 14 mois lorsqu’un traitement combinant chimiothérapie et radiothérapie est suivi.
« Les tumeurs cérébrales peuvent être très difficiles à traiter parce que de nombreux médicaments ou nanoparticules efficaces en laboratoire ne peuvent pas traverser la barrière hémato-encéphalique derrière laquelle se trouvent la plupart d’entre-elles. Il est donc vital de trouver un nouveau moyen de les traiter », a affirmé Dr Ruman Rahman de l’école de médecine de l’Université de Nottingham, l’un des co-auteurs de l’étude.
Selon les données collectées auprès de 169 patients dont 133 enfants et publiées dans Pharmaceutics, les vaisseaux alimentant les gliomes présentent un niveau élevé de récepteur de lipoprotéines de basse densité (LDL). Ces lipoprotéines transportent le cholestérol dans le sang et l’apportent aux cellules. Les chercheurs partent de l’hypothèse que les cellules cancéreuses utilisent les nutriments apportés par les lipoprotéines pour mobiliser l’énergie nécessaire à leur croissance et à leur multiplication. « La clé est maintenant d’utiliser des médicaments et des nanoparticules qui viseront ces récepteurs, et couperont l’alimentation en énergie des cellules cancéreuses », affirme Dr Ruman Rhaman.
David Needham, professeur en thérapie translationnelle à la faculté de pharmacie de l’université de Nottingham a également participé aux recherches. Le scientifique travaille sur le développement de nouvelles formules du niclosamide, un inhibiteur commun qui coupe l’alimentation en énergie des cellules. Utilisé, entre autres comme vermifuge depuis plus de 60 ans, la molécule tue les vers présents dans l’appareil digestif en arrêtant leur alimentation en énergie. Le niclosamide pourrait être modifié pour traiter certaines maladies dont le cancer.
« Le niclosamide vise non seulement la production de l’énergie dans la cellule, mais met également en branle d’autres processus qui induisent l’apoptose (la mort cellulaire programmée). Maintenant que nous savons que les cellules tumorales ont des récepteurs LDL, qu’ils utilisent selon notre hypothèse pour alimenter leur croissance et leur expansion, nous pouvons travailler à modifier les médicaments afin qu’ils ciblent les cellules cancéreuses et les privent de leur énergie. Etant donné que les cellules cancérigènes se nourrissent à partir des LDL, notre stratégie est de faire en sorte que le médicament ressemble à leur nourriture » a affirmé David Needham.
Le scientifique qui est également professeur d’ingénierie mécanique et de science des matériaux à l’université de Duke, a travaillé avec une équipe de cette université sur une technologie dénommée Brick to Rocks technology(B2RT). Elle leur a permis de fabriquer des nanoparticules de promédicament pures qui permettent de délivrer des médicaments à leur lieu d’action précisément, et de ne les activer, qu’une fois arrivés à destination. Ils sont déjà parvenus à élaborer un médicament baptisé ‘niclosamide stearate prodrug therapeutic’ (NSPT) qui peut arrêter la formation de métastase chez des chiens souffrant d’ostéosarcome. Certains des animaux étudiés dans le cadre d’une petite étude ont guéri de leur cancer.
« Cette technologie est maintenant prête à être appliquée à d’autres cancers et Nottigham est idéalement placée pour le développer avec l’expertise du Centre de recherche sur les tumeurs cancéreuses infantiles. La prochaine étape sera de tester cette technologie sur des tumeurs cérébrales chez les animaux, et si les résultats sont prometteurs, de passer aux patients aussi vite que nous le pourrons en assurant leur sécurité », a affirmé Pr Needham.
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