Une équipe de chercheurs toulousains a prouvé l’absence de lien entre la pollution de magnétite et Alzheimer, revenant ainsi sur une idée reçue de la science.
Un novelle étude prouve l’absence de lien entre pollution atmosphérique et l’augmentation des risques de développer la maladie d’Alzheimer. Après huit mois de travail, une équipe du Laboratoire de Chimie de coordination du CNRS à Toulouse a en effet contredit une idée reçue qui s’était installée au cours de la dernière décennie, à savoir que des nanoparticules de magnétite – ou tétroxyde de trifer (Fe3O4 ou FeIIO⋅FeIII2O3) – provenant de la pollution atmosphérique pouvaient pénétrer dans le cerveau par inhalation et provoquer un stress oxydant pour les neurones, qui serait responsable de la maladie d’Alzheimer.
Les travaux des toulousains, publiés dans la revue Angewandte Chemie International, pourraient constituer un tournant majeur dans le domine. En 2016, en effet, une équipe de la prestigieuse Université américaine Harvard avaient défendu l’hypothèse que l’exposition à une importante concentration en particules fines augmentait les risques d’attraper la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. Une étude chinoise, publiée en 2016, et une étude britannique de 2007 avaient également établi que la magnétite pouvait générer des réactions d’oxydation néfastes. Il n’en serait rien, d’après cette récente découverte.
« Quand j’ai découvert cet article de 2016, j’avoue que j’étais sceptique concernant les conclusions. Il y avait des incohérences », explique Bernard Meunier à l’initiative de la nouvelle étude prouvant qu’il est peu probable que la magnétite soit impliquée dans la maladie d’Alzheimer. « J’ai décidé de refaire les manipulations effectuées par ces scientifiques en 2016 » poursuit le chercheur. Il a pour sa part observé que la très grande stabilité de la magnétite lui permet de rester inerte in vivo et qu’il est donc très peu probable qu’elle soit impliquée dans la dégénérescence neuronale. Serait est en effet incapable de se lier au peptide amyloïde et d’induire des réactions d’oxydation.
« Pendant un temps, la pollution atmosphérique a été longtemps le sujet de prédilection, à la mode », explique le chercheur toulousain. « La course à la publication de certains chercheurs qui surfent sur des modes et angoissent les gens. Il faut les rassurer. La magnétite est présente naturellement dans le cerveau et cela n’est pas dangereux » conclut-il. L’exposition chronique à la pollution atmosphérique demeure cependant responsable de nombreuses maladies pulmonaires ou cardio-vasculaires, irritation des muqueuses, allergies et d’une aggravation substantielle des symptômes des patients asthmatiques et favorise son incidence chez l’enfant.