Une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’Université de St Andrews met en lumière un effet inattendu des antibiotiques utilisés pour traiter la tuberculose : ils tuent d’autres bactéries potentiellement utiles. Les résultats de cette recherche, publiés dans The Lancet Microbe, soulèvent des questions importantes sur l’équilibre entre l’éradication des bactéries pathogènes et la préservation des bactéries bénéfiques dans le corps humain.
Le professeur Stefan Matile de l’Université de St Andrews, qui n’a pas participé à cette étude, commente : «Cette découverte souligne l’importance de repenser la sécurité des médicaments. Il ne s’agit pas seulement de l’impact sur les organes humains, mais aussi sur les micro-organismes qui cohabitent avec nous et jouent un rôle crucial dans notre bien-être.»
L’étude a révélé que l’effet de « destruction » des microbiotes était plus marqué au cours des deux premières semaines du traitement antibiotique, après quoi les bactéries ont commencé à se rétablir, retrouvant un niveau d’abondance similaire à celui d’avant le traitement en deux mois. La tuberculose est généralement traitée avec des combinaisons de quatre antibiotiques, et l’étude a examiné sept de ces combinaisons.
Le chercheur principal de l’étude, le Dr. Wilber Sabiiti, souligne l’importance de ces résultats : «Pendant longtemps, l’évaluation de la sécurité des médicaments s’est concentrée sur l’impact sur les organes humains, négligeant l’effet sur les micro-organismes utiles. Il est crucial d’élargir notre vision de la sécurité des médicaments pour inclure ces micro-organismes essentiels à notre santé.»
Les chercheurs ont constaté que deux combinaisons d’antibiotiques, l’une contenant 35 milligrammes par kilogramme de rifampicine et l’autre contenant 20 milligrammes par kilogramme de rifampicine, supplémentées par 400 mg de moxifloxacine, ont entraîné une destruction significative des microbiotes. De manière intéressante, les microbiotes ont récupéré plus rapidement dans la seconde combinaison, qui contenait une dose plus faible de rifampicine.
Le professeur Matile ajoute : «Cette étude souligne la nécessité de trouver un équilibre dans les traitements antibiotiques. Il est possible de cibler les bactéries responsables des maladies sans compromettre gravement les bactéries bénéfiques nécessaires à notre santé globale.»
Malgré la pression exercée par les antibiotiques, les microbiotes se sont rétablis dans les deux mois suivant le traitement dans toutes les combinaisons, à l’exception d’une. Les études futures devront explorer si ce rétablissement est dû à un réapprovisionnement à partir de sources alimentaires ou à l’acquisition par les bactéries de gènes de résistance aux antibiotiques.
Cette recherche est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de Tanzanie et des universités de Radboud aux Pays-Bas, de Munich en Allemagne, et de St Andrews au Royaume-Uni au nom du Pan African Consortium for Evaluation of anti-TB Antibiotics (PanACEA). Elle souligne l’importance de repenser nos approches pour traiter les infections sans compromettre notre écosystème microbien interne.
Image par Arek Socha de Pixabay