Le recours croissant à la chirurgie bariatrique en France inquiète certains professionnels de la santé.
La chirurgie bariatrique est un type de chirurgie consistant à modifier l’anatomie du système digestif afin de favoriser la perte de poids chez les personnes obèses. La technique se fonde sur une procédure déjà connue de réduction du volume utile de l’estomac, principalement grâce à une gastrectomie en manchon longitudinale on utilise souvent son nom anglais : sleeve gastrectomy). Cette procédure réduit de deux tiers la taille de l’estomac. Cela permet de diminuer sensiblement la mortalité et la morbidité cardio-vasculaires.
La perte d’excès de poids suite à une opération de chirurgie bariatrique est de 40 à 70%, selon l’agressivité de la technique utilisée. L’avantage de cette intervention est que le système digestif demeure intact, contrairement à la gastrectomie pariétale ou à la dérivation biliopancréatique, où des portions de l’estomac sont retirées. Elle présente en outre un effet hormonal car on ôte la partie de l’estomac sécrétant la ghréline – une des hormones qui gère l’appétit
Cette intervention lourde est réservée aux personnes souffrant d’obésité massive (IMC >40kg/m2) ou sévère (IMC>35kg/m2). « Elle n’est envisagée qu’en cas d’échec de la prise en charge médicale, et doit être réalisée dans un centre expert en chirurgie de l’obésité, avec une équipe pluridisciplinaire (médecins, chirurgiens, psychologues, diététiciens…) » précise le Pr David Nocca, chef du service de chirurgie digestive au CHU de Montpellier.
L’obésité en France touche 17 % environ de la population adulte (40 % sont en surpoids) – un taux plutôt bas par rapport au autres pays industrialisés. Et pourtant, on y pratique massivement cette opération. Ainsi l’Hexagone figure parmi les pays qui opèrent le plus de l’obésité dans le monde, avec quatre fois plus d’opérations qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni. Le nombre d’interventions a été multiplié par plus de trois entre 2006 et 2017, avec près de 450 000 personnes opérées sur cette période.
La procédure n’est toutefois pas sans risque. « C’est une chirurgie relativement récente, on ne sait pas à long terme ce que cela va donner », prévient ainsi le professeur Claude Attali, du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). On constate déjà des inconforts et des complications de santé dans environ 15 % des cas, liées à la nature même d’une chirurgie de l’abdomen. En outre, elle n’est pas une solution miracle, avec un taux de réinterventions qui a doublé en dix ans, pour atteindre 10 % en 2016.