Boire du café pourrait supprimer les mouvements incontrôlés dus à sa maladie orpheline, la dyskinésie, d’après une équipe de médecins et de chercheurs français.
Une récente étude, coréalisée par le Pr Emmanuel Flamand-Roze, le Dr Aurélie Méneret et leurs collègues du département de neurologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris) et de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (CNRS/Inserm/Sorbonne Université) aurait trouvé un remède inopiné à une maladie génétique rare. La dyskinésie liée à une mutation survenue sur le gène ADCY5 provoque des mouvements anormaux chez le malade, qui s’intensifient lors de crises.
« C’est une maladie orpheline, on ne connaît même pas le nombre de cas tellement elle est rare, on peut parler d’une naissance sur un million mais ça n’est qu’un ordre de grandeur », explique Pr Flamand-Roze, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP. « Les bras, les jambes et le visage se mettent à bouger de manière très importante. Cet enfant ne pouvait pas faire de vélo ni même rentrer à pied de l’école, car une crise pouvait survenir n’importe quand »
« Un jour, les parents de ce jeune patient ont acheté involontairement des dosettes de décaféiné au lieu de dosettes de café, précise l’étude. « L’enfant de onze ans les a consommées pendant quatre jours, ce qui a entraîné la réapparition des mouvements anormaux et du handicap tels qu’ils étaient avant le traitement par café. Ses parents se sont ensuite aperçus de l’erreur et la reprise du café a permis de faire à nouveau régresser les mouvements anormaux de façon spectaculaire. »
« Cette erreur a fourni un niveau de preuve de l’efficacité de la caféine plus important que le simple fait de rapporter que l’état du patient était amélioré lorsqu’il boit du café », souligne le Pr Emmanuel Flamand-Roze qui ajoute qu’« il importe de prêter une oreille très attentive lorsque des patients affirment avoir trouvé quelque chose qui a l’air de marcher ». L’étude, publiée dans la revue Annals of internal medicine conclut d’une dose appropriée (100 mg de caféine) peut entrainer une diminution de 90 % des mouvements anormaux. Les effets se font sentir environs 45 minutes après l’absorption.
« Dans cette maladie, la protéine fonctionne trop, et la caféine réduit son activité », notent les chercheurs. L’équipe française suit actuellement six patients (deux enfants et quatre adultes, âgés de 12 à 76 ans) prenant régulièrement du café – avec, pour l’instant, des effets positifs similaire. Une découverte qui est donc encourageante et « fait partie des hasards un peu fabuleux de l’histoire de la médecine » conclut le Pr Flamand-Roze.