Des chercheurs britanniques ont découvert un nouveau type de cellule dans la famille des lymphocytes T qui est capable de s’attaquer à des récepteurs communs à un grand nombre de cancers.
L’immunothérapie anticancéreuse, qui consiste à s’appuyer sur nos défenses naturelles pour lutter contre la prolifération de cellules cancéreuses, est une idée novatrice qui a été récompensée par un prix Nobel de médecine en 2018. Pour ce faire, on modifie génétiquement des cellules immunitaires du malade pour les armer contre la tumeur. La méthode présente cependant une limite : elle n’est pas efficace pour tous les cancers. Cette limite pourrait cependant être dépassée grâce à la découverte de chercheurs de l’université de Cardiff (Royaume-Uni).
Dans une étude publiée le 20 janvier dans la revue Nature Immunology, les britanniques expliquent avoir extrait du sang de patients, afin de modifier génétiquement en laboratoire les lymphocytes T, un type de globules blancs impliqué dans le fonctionnement de notre système immunitaire, pour leur permettre d’identifier et de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses. Cette méthode permettrait de cibler les cellules anormales qui échappent à la surveillance du système immunitaire. Les lymphocytes T se sont alors révélés être capables de tuer les cellules cancéreuses, ce qui offre l’espoir d’une thérapie anticancéreuse dite « universelle ».
Pour ce faire, l’équipe de l’université de Cardiff a utilisé la technique des ciseaux génétiques (CRISPR-Cas9). Cela a permis d’équiper ces cellules d’un nouveau type de récepteur de cancers, plus performant. « Ce récepteur reconnaît une molécule présente à la surface d’un large éventail de cellules cancéreuses ainsi que dans de nombreuses cellules normales du corps, mais il est capable de distinguer les cellules saines des cellules cancéreuses, tuant uniquement ces dernières », expliquent les chercheurs. Mélanome, cancer du poumon, du côlon, du sein, des os… les lymphocytes T ont induit une mortalité cellulaire entre 80 et 100 % selon les cancers, sur une très large variété étudiée.
Pour l’instant, ces résultats n’ont été observés que sur des rongeurs, et on ignore si cette approche pourrait être aussi efficace chez l’Homme. Le cas échéant, il s’agirait d’une grande avancée : « Notre découverte ouvre la perspective d’un traitement ‘unique’ contre le cancer et jusqu’ici personne ne pensait que cela était possible », s’est réjoui le professeur Andrew Stewell.