Des scientifiques ont mis au point une thérapie basée sur les ultrasons et la génétique qui permet de restaurer la vision. Dénommée sonogénétique, cette nouvelle thérapie a fait ses preuves sur les rongeurs, apportant ainsi une lueur d’espoir aux personnes aveugles en raison d’une atrophie du nerf optique.
Les travaux ont été réalisés par une équipe internationale dirigée par Mickael Tanter et Serge Picaud de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Le groupe réunit des chercheurs du Laboratoire Physique pour la médecine et de l’Institut de la vision situés à Paris ainsi que des scientifiques de l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle.
Dans le cadre de la sonogénétique, les chercheurs ont modifié génétiquement certains neurones afin de les activer à distance grâce à des ultrasons. Ils ont introduit dans les cellules modifiées, le code génétique d’un canal ionique mécanosensible. Les canaux ioniques mécanosensibles sont des pores de la membrane cellulaire qui laissent passer les ions et qui sont sensibles à une tension mécanique.
Les neurones s’exprimant via ce canal peuvent, après la modification génétique, être activés à distance par des ultrasons de faibles intensités appliquées à la surface du cerveau, sans contact avec ce dernier. Les ondes, qui sont les mêmes utilisées pour les échographies par exemple, ont la capacité de pénétrer les tissus du cerveau en profondeur et d’y cibler des zones précises. Dans ce cas précis, les zones ciblées sont les neurones dotés du canal mécanosensible.
En appliquant cette technologie chez l’animal, les chercheurs ont constaté qu’une stimulation sonogénétique du cortex visuel permet de provoquer une réponse comportementale associée à une perception lumineuse. L’étude a également démontré que la thérapie obtient des résultats sur différents types de neurones oculaires, qu’ils soient dans le cortex visuel ou dans la rétine.
Les chercheurs espèrent pouvoir s’appuyer sur cette technologie pour restaurer la vue à des patients dont le nerf optique ne fonctionne plus. L’option envisagée pour y parvenir est de convenir les images en ondes ultrasonores codées pour stimuler directement le cortex visuel à raison de plusieurs dizaines d’images par seconde.
« Le développement d’un essai clinique de thérapie sonogénétique demande encore de passer par de nombreuses étapes pour valider son efficacité et sa sécurité. Si les résultats se confirment, cette thérapie pourrait réussir à restaurer la vue des patients de manière stable et en toute sécurité », a affirmé Serge Picaud, directeur de recherche Inserm et de l’Institut de la vision.
Cette nouvelle thérapie en cours d’élaboration offre, par rapport aux prothèses et stimulateurs existants, l’avantage de ne pas nécessiter un contact avec le cerveau et de sélectionner un type de cellules précis.
Image par Pete Linforth de Pixabay