Les nations membres de l’Autorité internationale des fonds marins ont approuvé vendredi une feuille de route de deux ans pour l’adoption de réglementations sur l’exploitation minière en haute mer. Cette décision de la 28e session de l’Autorité internationale des fonds marins (ISA) survient malgré les appels des défenseurs de l’environnement et de plus de vingt pays, dont la Suisse, en faveur d’un moratoire sur l’extraction de minéraux pour éviter les menaces marines.
L’ISA est l’organisme intergouvernemental chargé de protéger le fond des océans. Les fonds marins profonds représentent environ 54 % de la superficie totale du plancher océanique mondial. Les ressources minérales de cette région suscitent un intérêt croissant de la part de certains États et entreprises, en raison de leur potentiel pour la transition vers les énergies renouvelables.
L’ISA et ses États membres ont travaillé pendant une décennie pour élaborer un code minier pour l’exploitation potentielle de nickel, de cobalt et de cuivre dans des zones du fond marin hors juridictions nationales.
Cependant, aucune entente n’a encore été conclue à ce jour. Le Conseil de l’ISA, qui a négocié en Jamaïque pendant deux semaines, a annoncé son intention de poursuivre l’élaboration des réglementations en vue de les adopter lors de la 30e session de l’Autorité en 2025.
Les écologistes restent préoccupés par l’absence de processus d’examen des demandes de licence, craignant que cela puisse entraîner une exploitation industrielle des hautes mers. Ils soulignent que l’exploitation minière en haute mer pourrait détruire des habitats et des espèces inconnues mais essentiels aux écosystèmes. De plus, cela risquerait de perturber la capacité de l’océan à absorber le CO2 et interférerait avec la communication des espèces marines telles que les baleines.
« Cette feuille de route négociée à huis clos ne reflète pas l’inquiétude et l’opposition croissantes à l’exploitation minière en haute mer », a déclaré Sofia Tsenikli, parlant au nom de la Coalition pour la conservation en haute mer, Greenpeace et le WWF, entre autres défenseurs.
La question d’un moratoire de précaution sur l’exploitation minière est en discussion par l’Assemblée de l’ISA, avec le soutien d’environ 20 pays, dont la France, le Chili, le Brésil et la Suisse.
Cette dernière a d’ailleurs lancé, en amont à la session, un plaidoyer en faveur du moratoire et est l’un de ses plus fervent défenseurs. La Suisse « soutiendra un moratoire sur l’exploitation commerciale de la zone jusqu’à ce que des connaissances scientifiques plus approfondies sur son impact soient acquises et que la protection de l’environnement marin puisse être garantie », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.
Quinze pays vont encore plus loin et s’opposent à toute utilisation commerciale de la zone, avec ou sans réglementations.
La Suisse, en tant que hub mondial du commerce des matières premières, est le siège de grandes entreprises telles que Glencore, spécialisée dans le charbon, les métaux et le pétrole, ainsi que des sociétés comme Vitol ou Trafigura, basées à Singapour mais avec d’importants centres d’opérations à Genève. Cette décision de soutenir un moratoire sur l’exploitation commerciale de la zone internationale du fond marin reflète la préoccupation de la Suisse pour la protection de l’environnement et la préservation des ressources marines.