Des scientifiques scandinaves ont comparé les tailles de chats domestiques sur plus de 2000 ans – une période durant laquelle ils auraient grandi de près de 16%, sous l’influence des humains.
Il est généralement admis que les mammifères sont généralement enclins à rapetisser sous l’effet de la domestication. Le besoin de chasser étant moindre, leurs mâchoires, dents, la masse musculaire ainsi que certaines zones du cerveau auraient ainsi tendance à décroître, au profit d’autres. Mais ça n’est pas le cas des chats domestiqués (Felis catus) d’après une étude réalisée par deux chercheuses et publiée dans le Danish Journal of Archaeology le 3 décembre.
Julie Bitz-Thorsen et Anne Birgitte Gotfredsen, qui sont rattachées respectivement à une université norvégienne et une université danoise, expliquent que les chats domestiques sont aujourd’hui 16 % plus imposants qu’à l’époque. Ces derniers vivent dans nos foyers depuis une première vague de domestication, en 7 500 avant J-C. – à l’ère néolithique. Ils étaient alors principalement domestiqués dans des civilisations méditerranéennes – comme l’Egypte ancienne.
« Il y avait aussi des chats sauvages en Europe à cette époque », précise Eva-Maria Geigl, chercheuse à l’Institut Jacques-Monod, Université Paris-Diderot et au CNRS. « Mais les analyses génétiques montrent que les chats domestiques sont tous issus des populations félines du Proche-Orient ». Ils sont arrivés massivement durant les ères Viking (à partir de 850 environ) et ont grandi de manière significative par rapport à leurs congénères de l’époque.
« Les os de leurs membres et les mâchoires présentent la plus forte croissance (plus de 16%), comparativement aux chats actuels, ainsi que les dents (5,5%) » note l’étude. Cela s’expliquerait par de meilleures conditions de vie, notamment un apport en nourriture de plus en plus important. Ces résultats corroborent avec ceux d’une étude préalable, publiée en 1987 par des scientifiques allemands.
« La domestication du chat est en fait assez complexe », continue la chercheuse du CNRS. « L’analyse des pelages montre qu’elle n’a commencé que pendant l’Empire ottoman. Tout simplement parce que le comportement du chat à l’état sauvage correspondait au besoin des hommes. C’est un animal plutôt solitaire, qui trouve au côté des hommes des ressources alimentaires avec la pêche ou les rongeurs qui viennent, eux, manger les récoltes. Le chat rend service. »
Les chats étaient utilisés pour protéger les embarcations et les zones de stockage de céréales des rongeurs. Leur traitement est alors devenu meilleur. Aujourd’hui, ils sont présents dans des communautés du monde entier, sauf en Antarctique.