L’Américaine Karen Uhlenbeck, spécialiste des équations aux dérivées partielles, est la première femme à recevoir le Prix Abel, remis par l’Académie norvégienne des sciences et lettres.
En l’absence de prix Nobel des mathématiques, le gouvernement norvégien a décidé de créer le Prix Abel, en 2003, afin de récompenser les « contributions au domaine des mathématiques qui sont d’une profondeur et d’une influence extraordinaires ». Pour la première fois, cette prestigieuse récompense a été accordée à une femme : la maîtresse de recherche universitaire invitée à l’Université de Princeton ainsi que professeure associée à l’Institute for Advanced Study, Karen Uhlenbeck. Il avait été décerné à 21 hommes par le passé.
« Karen Uhlenbeck reçoit le prix Abel 2019 pour son travail fondamental dans l’analyse géométrique (…) qui a radicalement modifié le paysage mathématique », a déclaré le président du comité Abel, Hans Munthe-Kaas, mercredi 19 mars. Ses travaux ont en effet fait progresser à la fois les modèles utilisés en physique des particules, relativité générale, et pour la théorie des cordes. D’après le comité, ses travaux ont permis de « développer des outils et des méthodes d’analyse globale qui sont maintenant utilisés par les géomètres et analystes ».
Pionnière dans les équations aux dérivées partielles, les théories de jauge (notamment sur la théorie de Yang-Mills) ou encore sur les équations d’ondes non linéaires, elle aura marqué son époque et posé les bases pour les mathématiques de demain. « La reconnaissance des réalisations de Karen Uhlenbeck aurait dû être beaucoup plus grande car son travail a conduit à certaines des avancées en mathématiques les plus importantes de ces quarante dernières années » a réagi Jim Al-Khalili, illustre professeur britannique de physique théorique.
Karen Uhlenbeck est aussi la cofondatrice du Park City Mathematics Institute qui « vise à former de jeunes chercheurs et à promouvoir la compréhension mutuelle des intérêts et des défis en mathématiques » et du programme Women and Mathematics. Cette dernière avait notamment milité contre « l’effet Matilda » : l’oubli des femmes scientifiques au profit des hommes. Ce phénomène est inspiré par à un verset de l’évangile selon Mathieu 13:12 : « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a ». Très peu pour Karen Uhlenbeck.