La domestication implique une série de modifications sur les caractéristiques d’espèces sauvages. On sait désormais que ce processus s’accompagne de l’apparition de caractères similaires chez différentes espèces domestiques, bien que le processus de domestication diffère d’une espèce à l’autre.
Les animaux domestiques se différencient souvent des animaux sauvages par des morphologies moins hostiles, ainsi que comportements et des « caractéristiques d’intérêt » (tempérament plus docile, meilleure production de viande ou de lait…). Ces changements sont constitutifs de ce que l’on appelle le « syndrome de domestication ». Une étude menée sous la direction du consortium européen Nextgen, pilotée par le Laboratoire d’écologie alpine avec un soutien du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, publiée ce 6 mars dans la revue Nature Communications, a permis d’en savoir plus sur ce processus toujours assez méconnu.
Ainsi, sélection opérée par les hommes au fil des siècles par les hommes a modifié peu à peu les caractéristiques sauvages. Les génomes révèlent aussi l’adaptation de ces espèces au milieu naturel. La tâche n’est pas simple comme la plupart des ancêtres des espèces domestiquées ont disparu depuis longtemps. Pour certaines espèces, un aïeul existe encore à l’état sauvage. C’est le cas de la chèvre – avec l’égagre – et du mouton – avec le mouflon asiatique. Le Laboratoire d’Ecologie Alpine de Grenoble (France) s’est donc penchée sur le passage de l’état sauvage à la domestication de ces deux espèces.
Une comparaison détaillée de leurs séquences d’ADN a ainsi permis d’identifier dans chaque cas une quarantaine de régions différentiant les génomes domestiques des génomes sauvages. Une analyse en détail de celles-ci révèle qu’elles contiennent principalement des gènes responsables du fonctionnement du système nerveux, de la réponse immunitaire ou qui gèrent des qualités d’intérêt agronomiques : la qualité du pelage, de la viande, du lait ou encore de la reproduction. Ces résultats confirment des observations similaires dans des études sur les gènes impliqués dans le processus de domestication menées sur d’autres espèces domestiques (nommément, le poulet, le cochon, le lapin et le cheval).
En revanche, il apparait que ces zones affectées par la domestication ne sont pas exactement les mêmes chez les deux espèces observées. Cette découverte exclut donc l’existence d’un processus sélectif uniforme pour toutes les espèces. Il a donc existé une multitude de scénarios évolutifs variant d’une espèce à l’autre – probablement en fonction des attentes des éleveurs. Pour les identifier, il s’agit de d’élargir ces comparaisons à un panel d’espèces plus large et de distinguer « les régions sélectionnées involontairement au début de la domestication de celles sélectionnées ultérieurement pour améliorer intentionnellement des caractères d’intérêt », explique l’étude.