Une récente expérience japonaise a établi que les éclairs produisaient un rayonnement gamma très intense, qui sont les signatures de réactions nucléaires.
Les orages produiraient-ils des réactions nucléaires ? Une étude publiée par des géophysiciens externes japonais (c’est-à-dire ceux qui s’occupent de la physique de l’atmosphère ou de la magnétosphère) dans la revue Nature révèle en effet que certains nuages d’orage sont le siège de multiples réactions à l’origine de particules radioactives. Cette découverte a été permise grâce à l’observation d’un évènement météorologique survenu le 6 février 2017 sur les côtes de la mer du Japon.
Les détecteurs de radiations de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, à Niigat, ville voisine de ce gros orage, ont détecté des flashs gamma étonnants. Le premier a duré moins d’une milliseconde, le deuxième, plusieurs dizaines, et le troisième pic de rayon s’est quant à lui prolongé près d’une minute., Les rayons gamma ont suffisamment d’énergie pour interagir avec l’azote de l’air, et les premières radiations auraient donc ensuite engendré une série de réactions nucléaires
Le rayon gamma est également présent lors de réactions nucléaires dans les étoiles, mais aussi dans les réacteurs à uranium et dans les accélérateurs de particules. Autrement dit, les champs électriques présents dans les nuages au moment d’un orage ont un fonctionnement similaire à ceux des premiers accélérateurs de particules. L’équipe emmenée par le physicien de l’université de Kyoto Teruaki Enoto a donc identifié un processus naturel de production d’éléments radioactifs dans l’atmosphère – le second jamais observé.
Cela fait en réalité des dizaines d’années que les scientifiques suspectaient les éclairs d’être capables de produire des réactions nucléaires. « Au début des années 90, un groupe russe prédisait déjà que le champ électrique présent dans les orages serait suffisamment fort pour accélérer des électrons », explique Sébastien Célestin, maître de conférences à l’université d’Orléans. Mais ils n’avaient encore jamais réussi à le prouver. C’est désormais chose faite.
« Puisque les isotopes radioactifs ont une durée de vie courte, qu’ils sont présents de manière très localisée dans l’espace et en une quantité infime en comparaison avec la radioactivité naturelle de l’environnement, je pense qu’aucun risque pour la santé n’est à craindre de ce phénomène », rassure Pr Teruaki Enoto.
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