Les susceptibilités différentes à la migraine entre les populations du Nord et du Sud résulterait de l’adaptation humaine aux régions les plus froides de la planète.
Quel est le lien entre les migraines et l’adaptation des êtres humains à leur environnement ? Tout, nous dit la science. D’après une étude menée par des chercheurs de l’Institut Max Planck (Leipzig, Allemagne) et de l’University College London (Royaume-Uni), le gène qui a permis à l’homme de s’adapter aux variations de climatiques lorsqu’il a quitté le continent africain il y a environ 25 000 ans, pour coloniser l’Europe – le gène TRPM8 – est le même qui explique les susceptibilités différentes aux migraines – des études épidémiologiques sur la migraine ont montré par le passé qu’il y avait davantage de migraineux chez les descendants d’Européens.
Dans un article paru dans Plos Genetics, les chercheurs en génétique ont établi que ce dernier avait évolué lors d’une adaptation progressive au climat européen plus rude, afin de nous permettre de ressentir le froid et de réguler notre température. Ce gène, présent à la surface de neurones sensoriels périphériques (présents sur la peau ou encore dans la bouche), sert de récepteur à la fois pour le froid et le menthol. Plus précisément, il code une protéine « fonctionnant comme un senseur thermodynamique, responsable de la détection du froid de par son expression dans les neurones innervant l’épiderme », explique le Dr Gabriel Bidaux, chercheur Inserm.
En se penchant sur cette mutation de plus près, les chercheurs ont trouvé des différences géographiques extrêmes : seulement 5 % de la population la possèdent au Nigeria, contre 88 % des Finlandais. Aussi, l’étude suggère que les individus porteurs de la mutation de TRPM8 possèdent un système de régulation thermique plus efficace, mais en contrepartie risquent davantage de souffrir de ces violents maux de tête. « C’est sans doute la première fois qu’on montre l’adaptation à l’environnement d’un gène de récepteur sensoriel » souligne le généticien Mark Shriver (UPenn), à propos de la découverte de ses collègues.
Cette découverte doit servir de point de départ à des études visant à soigner la migraine grâce à des antagonistes du récepteur TRPM8.