
Un groupe de chercheurs allemands a établi que notre capacité à la procrastination dépend beaucoup de la taille de la zone du cerveau impliquée dans notre capacité à la prise de décision.
Des chercheurs de l’Université de Bochum (Allemagne) pensant avoir identifié ce qui pousse certains individus à procrastiner plus que d’autres. Dans un étude publiée le 17 août 2018 par la revue Psychological Science, ils se sont intéressés au fonctionnement de l’amygdale – une zone du cerveau qui gère notamment la prise de décision, le rapport aux émotions et à la peur. Elle a notamment pour rôle de nous prévenir des conséquences négatives de nos actions et de les « prioriser ». La psychologue Gwenaëlle Hamelin, spécialiste du stress au travail et du burn out, explique ainsi que « faire moins est une stratégie gagnante ».
« La procrastination n’est pas un terme médical, elle n’est pas actuellement décrite comme un syndrome ou un symptôme d’une quelconque pathologie. D’un point de vue des neurosciences, avant d’agir, l’être humain évalue en permanence la valeur d’une action selon une balance bénéfice/effort ou récompense/effort, adaptée au contexte », rappelle le neurologue Richard Lévy. Aussi, la procrastination est le fruit d’une analyse complexe. Seulement parfois, cette analyse peut être biaisée et lier à de mauvaises décisions.
Afin d’en étudier les mécanismes, les chercheurs ont soumis 264 personnes à un IRM. Ces dernières ont, au préalable, rempli un questionnaire sur leur personnalité pour savoir s’ils étaient adeptes à la procrastination. Ils ont alors remarqué que les personnes qui ont tendance à ne pas arriver à se motiver ont également une amygdale plus importante. Selon les auteurs de l’étude, « cela pourrait vouloir dire que les individus avec une amygdale d’un plus grand volume ont appris de leurs précédentes erreurs et évaluent leurs futures actions et leurs possibles conséquences plus en profondeur ».
L’étude a permis d’également observer chez les personnes adeptes de la procrastination un défaut de connexion de deux parties de leur cerveau : le complexe amygdalien et le cortex cingulaire antérieur dorsal (ACC). Elle exploite les informations de l’amygdale fin d’aider au processus de prise de décision – réaliser une action ou non. Une connexion moins forte pourrait donc entraîner une régulation des émotions négatives insuffisante. Les auteurs précisent toutefois que leur étude ne permet pas d’établir « un lien causal direct » et il faut vérifier si d’autres facteurs ne sont pas plus importants.