Le cerveau humain est loin d’avoir livré tous ses secrets, mais deux chercheurs ont peut-être mis la main sur la clé contre son vieillissement. Une étude publiée dans la revue Nature Neuroscience montre qu’il est possible de combattre le vieillissement du cerveau. Mieux encore, il serait même possible de redonner aux personnes âgées des capacités cérébrales proches de celles de jeunes adultes. Une découverte que l’on doit aux stimulations électriques, mais qui doit toutefois être analysée plus en profondeur afin de lever les mystères de la mémoire et du vieillissement.
La plupart des pays sont touchés par le phénomène de vieillissement de leur population. Un problème économique et social d’un point de vue macro, mais qui est surtout une période difficile à appréhender pour les nouveaux « vieux ». Avec l’âge, les pertes de mémoire s’intensifient et le risque d’être atteint de la maladie d’Alzheimer est plus élevé chaque année qui passe. Un drame qui pourrait bien être évité à la lecture des travaux des chercheurs Robert Reinhart et John Nguyen. Ces derniers travaillent sur la « mémoire de travail » (working memory), c’est-à-dire la mémoire de court terme qui permet par exemple, de regarder un numéro de téléphone et de le retranscrire ou tout simplement d’avoir une conversation.
Les deux chercheurs ont recruté deux groupes de 42 adultes chacun. Le premier composé de jeunes âgés de 20 à 29 ans et le second d’adultes de 60 à 76 ans. Soumis à des exercices qui font appel à la mémoire de travail, le premier groupe n’a pas tardé à avoir de meilleurs résultats (moyenne de 90 %) que le deuxième (environ 80 % en moyenne). Des résultats jusque-là guère surprenant, mais que les chercheurs ont réussi à rapprocher fortement grâce à l’utilisation de stimulations électriques.
Munis d’électrodes plaquées sur le cuir chevelu, le groupe des personnes plus âgées a obtenu des résultats quasi similaires au groupe de jeunes une fois des petites stimulations électriques enclenchées quelques minutes auparavant. Une méthode appelée stimulation transcrânienne en courant alternatif qui ne provoque aucune douleur et dont le seul effet physique est un petit picotement au niveau où est situé l’électrode. La stimulation électrique a donc des effets positifs sur la mémoire de travail et les chercheurs ont remarqué que ce « rajeunissement » perdurait plus de 50 minutes après cette stimulation.
Ces résultats ont été commentés par deux neurophysiologistes cliniciens de renom, Walter Paulus et Zsolt Turi. Paulus estime que « Les chercheurs ont fait du bon travail pour améliorer le fonctionnement du cerveau ». Une tâche d’autant plus difficile que « si vous vous écartez du protocole, vous risquez de ne pas obtenir de résultats ou d’obtenir des résultats contre-productifs » note le neurophysiologiste du centre médical universitaire de Göttingen. Beaucoup de recherches complémentaires doivent encore être faites, mais il s’agit là d’une véritable avancée dans le traitement d’une maladie comme Alzheimer, ou la schizophrénie. D’ailleurs Reinhart et Nguyen n’ont pas publié tous leurs résultats et il semblerait que de nouveaux procédés puissent être lancés dans le traitement d’Alzheimer. Ce serait là une avancée historique pour la médecine et les milliards d’êtres humains appelés, un jour, à explorer la vieillesse.