Le blob, un organisme unicellulaire, parvient à stocker des informations malgré son absence de cerveau. Son système mémoriel fonctionne en absorbant des substances présentes dans son environnement.
Le blob, une grosse cellule gélatineuse de 10m2, est une espèce atypique. Entre animal, végétal et champignon, il possède des fonctions similaires à celles des yeux, des oreilles, de la bouche, de l’estomac, il a pas moins de 720 types sexuels… Mais il n’a pas de cerveau ni de de système nerveux. Pourtant, ce myxomycète apparu sur Terre il y a environ un milliard d’années se déplace (entre 1 à 4 centimètres par heure) et il stocke les informations – une fonction qui s’apparente à notre mémoire.
Une équipe du Centre de recherches sur la cognition animale de l’université Paul Sabatier de Toulouse pourrait bien avoir trouvé le secret derrière le mystère de sa « mémoire ». Le blob apprend à tolérer une substance désagréable, aversive, en l’absorbant. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont entraîné leurs blobs à évoluer dans des environnements salés – le sel étant pour eux une substance aversive, bien qu’inoffensive.
Après l’expérience, la concentration au sel au sein de ces blobs avait été multipliée par dix, et ils évoluent sans difficultés dans cet environnement « hostile ». Lors de cette expérience, cette « mémoire » dure deux jours. Pour parachever l’expérience, les chercheurs ont injecté directement du sel dans des blobs « naïfs » (jamais exposés au sel auparavant). Ces derniers ont eu la même réaction en moins de de heures. Autrement dit : le blob apprend et sait ce qu’il avale.
« En fait, le segment de la mémoire du blob est la substance elle-même », résume la chercheuse Audrey Dussutour. « C’est un peu comme si pour apprendre ses devoirs, un élève devait les manger ». Ce savoir cesse lorsque la substance n’est plus présente dans son organisme. En revanche, les chercheurs ont observé que lorsque les blobs entrent dans un état de dormance – c’est le cas lorsque les conditions environnementales se détériorent -, ils gardent la « mémoire », même un mois plus tard.
Plus étonnant encore, un blob a la capacité de transmettre un savoir encore présent dans son système à un congénère en fusionnant avec celui-ci. Reste à déterminer maintenant si le blob est capable de « mémoriser » plusieurs substances en même temps.