Le noyau de la terre aurait changé de sens de rotation, selon une étude parue dans Nature Geoscience. Constitué de fer et situé à 5 000 kilomètres sous la surface, cet élément constitutif de notre planète flotte, car elle est entourée par une enveloppe liquide. Après analyse des données sismiques des soixante dernières années, des chercheurs de l’université de Pékin ont conclu que la rotation du noyau magnétique s’est arrêtée en 2009 avant de partir dans le sens inverse.
« Nous pensons que le noyau central est, par rapport à la surface de la terre, en rotation dans un sens, puis dans un autre comme une balançoire. Un cycle complet de cette balançoire est d’environ 60 ans », ont confié à l’AFP Xiaodong Song et Yi Yang, les auteurs de l’étude.
Les scientifiques avancent l’hypothèse selon laquelle cette rotation est influencée par les changements de longueur du jour, des variations très légères du temps nécessaire à la rotation de l’astre sur son axe. Jusqu’ici, aucun lien n’a été établi entre cette rotation du noyau et l’état de la surface de la terre. « Nous espérons que notre recherche motive des chercheurs à concevoir et tester des modèles traitant la Terre comme un système dynamique intégré », ont affirmé les auteurs.
Si le résultat de ces recherches a suscité un intérêt dans le monde scientifique, ce dernier fait également preuve de réserve. « Il s’agit d’une étude très prudente effectuée par d’excellents scientifiques qui ont utilisé beaucoup de données. Mais aucun des modèles existants n’explique vraiment bien toutes les données disponibles », a tempéré John Vidale, sismologue à l’Université de Californie du Sud.
S’il fait l’objet de nombreuses recherche, le sujet divise, en effet, le monde des scientifiques. Selon une étude publiée l’année dernière par John Vidale, le changement de direction dans la rotation du noyau magnétique se fait tous les six ans. Il avance en outre que le noyau a effectué des mouvements entre 2001 et 2013, avant de se stabiliser.
Hrvoje Tkalcic, géophysicien à l’Université nationale australienne, a, quant à lui, avancé la théorie selon laquelle le cycle du noyau interne serait de 20 à 30 ans, et non de 70 ans, comme avancée dans la récente étude publiée dans Nature Geoscience.
« Ces modèles mathématiques sont probablement tous incorrects parce que même s’ils expliquent les données observées, ces dernières peuvent répondre à d’autres modèles encore à imaginer », affirme Hrvoje Tkalcic.
Tkalcic compare les sismologues à des médecins étudiant des organes internes sans l’équipement adéquat. Sans un scanner, la représentation de l’intérieur de la terre demeurera floue, ce qui explique les divisions sur ce sujet controversé.
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