Des travaux d’une équipe de chercheurs britanniques estime que le célèbre artiste et touche-à-tout italien Léonard de Vinci présente toutes les caractéristiques typiques de l’hyperactivité.
Dans un article publié dans la revue de neurologie Brain, les chercheurs Marco Catani, professeur de Neuroanatomie et Psychiatrie au King’s College de Londres (Grande-Bretagne) et Paolo Mazzarelo chercheur au département de sciences du cerveau et du comportement à l’Université de Pavie (Italie) se sont penchés sur les raisons de l’œuvre magistrale de l’homme d’esprit universel qu’était Léonard de Vinci. Peintre, sculpteur, scientifique, ingénieur, architecte, botaniste, inventeur, l’italien était un véritable touche-à-tout.
« L’histoire de de Vinci est paradoxale : un grand esprit qui a embrassé les merveilles de l’anatomie, de la philosophie naturelle et de l’art, mais qui a également échoué à terminer tant de projets », écrivent les auteurs. « Le temps excessif dédié à la planification des idées et le manque de persévérance semblent avoir été particulièrement préjudiciables à la finalisation de tâches qui avaient, au début, suscité son enthousiasme. »
Pour expliquer cette tendance, les chercheurs avancent une théorie : Léonard de Vinci souffrait d’un trouble mental bien connu : le trouble de déficit de l’attention (TDAH) ou hyperactivité. « Bien qu’il soit impossible d’établir un diagnostic post mortem pour quelqu’un qui a vécu il y a 500 ans, je suis convaincu que le TDAH est l’hypothèse la plus plausible pour expliquer la difficulté de Léonard de Vinci à terminer ses travaux » estime ainsi professeur Marco Catani. « Le TDAH pourrait aussi expliquer son génie » note-t-il.
Le TDAH est un trouble neurologique qui se manifeste principalement par une perturbation de l’attention et une impulsivité verbale et motrice. On estime à environ 4% la prévalence de ce trouble chez la population adulte. Il est très fréquemment chez les personnes gauchères dyslexiques, et possédant une prédominance du langage dans le côté droit de son cerveau – ses capacités linguistiques ont survécu à un grave accident vasculaire cérébral de l’hémisphère gauche (alors qu’elles sont normalement prises en charge par cet hémisphère).
« Une idée fausse répandue veut que le TDAH soit typique de mauvais comportements et touche des enfants pourvus d’une faible intelligence et destinés à une vie troublée » note le professeur Catani. « J’espère que le cas de Leonardo montre que le TDAH n’est pas lié à un faible QI ou à un manque de créativité, mais plutôt à la difficulté de capitaliser sur les talents naturels », conclut-il.