Les chercheurs de l’Université de Bonn viennent de découvrir que les cellules responsables de la prolifération des cellules cancéreuses sont également celles qui déterminent la rapidité de la réponse immunitaire.
Dans la réponse de l’organisme aux intrusions, les dendrites jouent un rôle de premier plan. Elles parcourent les cellules à la recherche d’antigènes. Une fois qu’elles en ont détectés, elles rejoignent les vaisseaux lymphatiques, puis les ganglions lymphatiques où elles transmettent l’informations aux lymphocytes qui organisent la réponse immunitaire. Dans ce système, le temps d’alerte est important, car il conditionne l’efficacité de la réponse. Celle-ci doit être apportée avant que les envahisseurs ne créent trop de dommages ou ne deviennent trop nombreux.
Les chercheurs de Bonn ont donc découvert le mécanisme qui permet aux dendrites de localiser et de rejoindre les vaisseaux, puis les ganglions lymphatiques. « Pour ce faire, ils forment davantage de certaines structures appelées centrosomes. Celles-ci les aident à maintenir leur direction plus longtemps et à atteindre ainsi plus rapidement les vaisseaux lymphatiques », affirme le Prof Eva Kiermaier de l’Institut Life and Medical Sciences (LIMES) de l’université de Bonn.
Ne sachant pas dans quelle direction se trouvent les vaisseaux lymphatiques les plus proches, les dendrites procèdent ‘à tâtons’. Elles vont dans une direction pendant un moment, avant d’en changer si elles n’ont pas rencontré de vaisseaux lymphatiques.
« Plus elles ont de centrosomes, plus elles restent longtemps sur leur trajectoire avant de continuer à chercher dans une autre direction. Nous avons pu démontrer dans les simulations informatiques que cela leur permet de trouver les vaisseaux lymphatiques beaucoup plus rapidement qu’elles ne le feraient normalement » explique Mirka Homrich qui a également participé aux expériences.
Avant cette expérience, les chercheurs pensaient que la multiplication des centrosomes avait lieu uniquement dans les cellules cancéreuses où elles participaient à la formation des métastases. Dans ces cellules, une fois multipliées, les centrosomes se regroupent en un seul endroit au lieu de migrer vers les pôles opposés de la cellule comme c’est le cas dans les cellules saines. « Il existe désormais des agents qui perturbent ce regroupement de centrosomes. En conséquence, les cellules cancéreuses ne peuvent plus se diviser correctement, mais meurent », affirme Eva Kiemaier.
Cependant, étant donné que les mêmes agents, les centrosomes, sont impliqués dans les deux processus en conflit, le risque d’interférence avec la réponse immunitaire est réel, ce qui lèverait un nouveau défi pour l’utilisation de tels agents dans la thérapie contre le cancer. « Nous avons testé plusieurs de ces agents dans des cultures cellulaires. Nous avons effectivement trouvé des preuves qu’ils pouvaient altérer de manière signification l’efficacité de la défense immunitaire » a averti la scientifique.