Des scientifiques français ont observé des sangliers des Visayas utiliser des bâtons et des morceaux d’écorce pour creuser. Un savoir faire qui s’est transmis à l’ensemble du groupe.
Selon une définition largement employée par la communauté scientifique, « l’utilisation d’outils peut être définie comme ‘l’exercice d’un contrôle sur un objet externe librement manipulable (l’outil) avec l’objectif d’altérer les propriétés physiques d’un autre objet, d’une substance, d’une surface (…) grâce à une interaction mécanique dynamique ». Or, c’est exactement que qu’a fait un groupe de sangliers maintenus à la Ménagerie du Jardin des Plantes, à Paris. La nouvelle a été rapportée par Meredith Root-Bernstein, chercheuse de l’Inra, une étudiante de l’Université Paris 13 et à la vétérinaire et gestionnaire de collections de ce parc zoologique.
« Deux individus, des femelles adultes, ont utilisé les bâtons ou l’écorce, en utilisant un mouvement d’aviron, au cours de la dernière étape de la construction du nid. Le troisième individu, un mâle adulte, a tenté d’utiliser un bâton pour creuser » relève ainsi une étude publiée dans la revue spécialisée Mammalian Biology. La chercheuse et son équipe ont ainsi pu identifier que ces animaux utilisaient ces « outils » pour la seconde moitié des constructions de nids – la phase la plus laborieuse. Ils pensent par ailleurs qu’une femelle serait à l’origine de cette pratique, et l’aurait ensuite transmis aux autres membres de son enclos.
Il se pourrait qu’elle ait elle-même appris ce savoir lors de son précédent séjour au zoo d’Apeldoorn (Pays-Bas). « Le contexte zoologique a peut-être affecté de manière inconnue le potentiel d’apprentissage et d’innovation des animaux de cette étude », souligne l’article. Autre constat : lorsque des spatules sont mises à la disposition des sangliers pour leur servir d’outils, les sangliers continuent de leur préférer largement les outils naturels.
Pour l’heure, ce comportement n’a été observé qu’auprès de ce groupe de sangliers maintenus en captivité et le peu de connaissance sur cette espèce empêche les scientifiques de dire si un tel comportement existe aussi à l’état naturel. Mais le recours à des outils n’est pas neuf pour cette espèce native des philippines. Un autre groupe avait ainsi appris à utiliser des pierres afin de tester une clôture électrique. « Dès que la pierre entrait en contact avec la clôture, ils attendaient de voir s’il y avait un clic ou non », explique Fernando Gutierrez, président de la Talarak Foundation. « Un clic signifiait que les câbles étaient chauds. Dans ce cas les sangliers faisaient marche arrière et ne traversaient pas ».
Avec cette confirmation a sein d’un autre groupe sur un autre continent, les sangliers des Visayas – au moins en captivité – rejoignent ainsi les chimpanzés, Orang-outans, éléphants, dauphins, loutres, corbeaux, certains ours, mais aussi les humains dans la le club des animaux capables de se servir d’outils.