L’étude d’un chewing-gum vieux de 5.700 ans a permis de reconstituer les génome complet d’une femme du Néolithique.
Des scientifiques ont découvert Lola, une femme qui vivait il y a 5.700 ans sur l’île de Lolland dans le sud du Danemark. Des fouilles archéologiques effectuées par le Museum Lolland-Falster, à Syltholm, ont mis au jour un « chewing-gum » – un résidu de bouleau mâché – vieux de 5.700 ans. Celui-ci a par la suite été étudié par des chercheurs de l’Université de Copenhague, constituant une « source très précieuse d’ADN ancien » précise l’étude publiée mardi dernier dans la revue Nature Communications.
Jusqu’ici aucun reste humain n’a été trouvé sur le site, mais ce chewing-gum, obtenu en chauffant l’écorce de l’arbre, recèle de l’ADN de la personne qui l’a mâché. « Pour la première fois, un génome humain ancien et complet a été récupéré sur autre chose que des os ou des dents », explique Hannes Schroeder. L’étude de ces restes a permis d’établir la couleur de ses yeux, de sa peau (cf photo) les germes que sa bouche hébergeait et la composition de ses repas.
Les scientiques ont ainsi établi que Lola avait la peau et les cheveux sombres, et les yeux bleus. « La combinaison de ces traits physiques a déjà été notée auparavant chez les chasseurs-cueilleurs européens, suggérant que ce phénotype était répandu à travers l’Europe mésolithique et que la diffusion adaptative de la pigmentation claire de la peau chez les populations européennes n’est survenue que plus tard dans la préhistoire », écrivent les auteurs dans leur rapport.
La majorité des bactéries identifiées sont des espèces communément rencontrées dans la bouche humaine. Les analyses ont cependant mis en évidence « certaines [autres] qui sont potentiellement très pathogènes comme le Streptococcus pneumoniae qui est la principale cause de pneumonie. Nous avons également récupéré l’ADN du virus Epstein-Barr responsable de la mononucléose infectieuse ». Ce dernier infecte aujourd’hui plus de 90% de la population mondiale.
Ces découvertes ont aussi un intérêt pour l’analyse du monde de vie des populations de cette époque : « Les découvertes archéologiques suggèrent que la population qui occupait le site exploitaient de façon intense les ressources naturelles durant le Néolithique, période à laquelle l’agriculture et l’élevage ont été introduits pour la première fois dans le sud de la Scandinavie », a expliqué dans un communiqué Theis Jensen, archéologue qui a participé aux recherches.