L’Agence spatiale européenne teste une méthode pour fabriquer de l’oxygène sur la Lune à partir du régolithe – la poussière lunaire.
N’en déplaire aux sceptiques qui pensent encore que la mission Apollo 11, au cours de laquelle pour la première fois des hommes ont marché sur la Lune, a permis de rapatrié de nombreux échantillons de matériaux lunaires. Ces derniers ont depuis été analysés par des équipes du monde entier, cherchant à mieux connaitre notre satellite. Parmi les substances qui ont suscité le plus d’intérêt, on trouve le régolithe, cette poussière blanche composée de débris de roche qui recouvre intégralement la surface lunaire. Or, cette dernière contient par exemple 45% d’oxygène.
Récemment, une équipe de recherche du Centre européen de technologie spatiale (ESTEC), rattaché à l’Agence spatiale européenne, ont réussi à séparer l’oxygène du régolithe grâce à un « prototype de centrale à oxygène ». Une avancée qui pourrait permettre un approvisionnement en oxygène pour les astronautes travaillant sur le satellite. Pour y parvenir, Beth Lomax et Alexandre Meurisse, du département Lunar In-Situ Resource Utilisation (ISRU) de l’Université de Glasgow (Royaume-Uni), se sont appuyés sur une technique appelée l’électrolyse en milieux de sels fondus.
En bref, le régolithe est placé dans une enceinte en métal contenant du chlorure de calcium (CaCl2) fondu, avant d’être chauffée à 950 °C. Quand on y fait passer un courant électrique, l’oxygène est extrait du régolithe. En outre, la technique permet de convertir la roche en plusieurs alliages métalliques utilisables. Cette technique est par ailleurs déjà exploitée industriellement, et a donc fait ses preuves. Afin de fonctionner sur la Lune, ce prototype pourrait utiliser une sorte de four solaire avec des miroirs concentrant les rayons pour chauffer le régolithe et produire de l’électricité.
Pour l’heure, les ingénieurs de l’ESA affirment être capables d’extraire 96 % de l’oxygène du régolithe en 50 heures d’opération. Mais déjà 75 % en seulement 15 heures. « Maintenant que nous avons testé l’installation, nous pouvons la peaufiner, par exemple en réduisant la température nécessaire à son fonctionnement, pour éventuellement concevoir une version de ce système qui pourrait un jour voler vers la Lune pour y être exploitée », précise Alexandre Meurisse. Une avancée majeure en vue du développement de colonies permanentes dans une base lunaire.