L’exécutif européen a officialisé son soutien au maintien des subventions allouées à la recherche et l’innovation, alors que le Brexit va réduire le budget global de l’union.
La douloureuse élaboration du budget européen pour la décennie 2020 a commencé. Avec le départ de Royaume-Uni de l’addition – et ses 12 milliards de contribution annuelle – des coupes importantes sont à prévoir pour la tranche 2021 – 2028. Ce lundi, la Commission européenne a lancé les débats entourant la composition de ce budget, et son président, Jean-Claude Juncker, a demandé aux 27 pays restants d’augmenter leur contribution – une demande qui a reçu un accueil plutôt tiède.
Le cadre financier pluriannuel 2021 – 2028 doit être rendu en mai prochain. Il doit déjà y être ajouté une enveloppe de 10 milliards par an afin d’assurer de nouvelles missions comme le contrôle des migrants, la politique de défense commune et la lutte contre le changement climatique. Tous ces ajouts vont forcer l’UE à suivre une diète budgétaire, qui faisait craindre pour les niveaux d’investissement européens dans la recherche et l’innovation (R&I).
Hier, les 28 états membres ont toutefois décidé de s’engager à ne pas toucher aux niveaux de financement R&I pour la décennie à venir. Günther Oettinger, commissaire au budget et aux ressources humaines, a insisté sur le caractère « prioritaire » de la recherche « pour notre futur ». A ce titre, il a demandé une augmentation des fonds qui lui seront alloués au successeur d’Horizon 2020 – le programme européen pour la recherche et le développement pour la période 2014-2020, qui dispose actuellement d’une enveloppe de 77 milliards.
Une bonne nouvelle, donc ? Peut-être, mais gare à ne pas se réjouir trop vite. Thomas Estermann, directeur gouvernance, budget et politique publique du développement de l’European University Association appelle à la vigilance. « La discussion ne fait que commencer », dit-il. Certains s’inquiètent en effet de voir les bonnes vielles fractures européennes surgir une nouvelle fois. La Pologne, la Hongrie et la Bulgarie défendent systématiquement un budget de développement régional important. A contrario, la France va probablement réitérer sa défense acharnée de la Politique agricole commune.
La PAC et le Fonds de cohésion pour les pays plus pauvres mobilisent à eux deux 70% des fonds de l’UE. « Il devront être réduits » a prévenu Günther Oettinger. « Je souhaite que ces coupes soient le plus raisonnables possibles. Les coupes ne vont certainement pas atteindre les 15 ou 30 % de leur niveau actuel. » A ce propos, le Ministre des affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel a été plus direct : « Il est nécessaire que nous soyons plus compétitifs. L’écart entre l’Europe et les Etats-Unis est considérable ».
This post is also available in: EN (EN)