Un expert britannique prédit que certaines maladies cardiaques humaines pourraient être soignée d’ici trois ans grâce à la greffe de cœur de porc.
En août 2017, des chercheurs de l’université Harvard publiaient, dans la revue Science, une étude établissant la possibilité de greffer des organes de porcs à l’être humain – on parle de xénotransplantation pour toute greffe où le donneur est d’une espèce biologique différente que celle du receveur. Or, il existe une variété d’animaux qui présentent des similitudes anatomiques et physiologiques avec l’Homme – en particulier le cochon. Aussi, la question de la xénogreffe cardiaque se pose sérieusement
Le cœur de porc est en effet d’une taille comparable à celle des humains. Pour Sir Terence English, pionnier de la transplantation cardiaque en Grande-Bretagne il ne fait aucun doute que leur greffe sur l’Homme – une fois modifiés – « pourrait devenir une réalité d’ici trois ans ». Ce dernier s’appuie sur une récente réussite : une greffe de rein de cochon. « Si le résultat de la xénotransplantation est satisfaisant pour l’humain avec des reins de porc, il est probable que des cœurs soient utilisés avec de bons effets chez l’Homme d’ici quelques années », estime-t-il.
Aujourd’hui, aucun test n’a directement été réalisé sur l’homme. Des tests ont cependant été réalisés sur des primates proches de l’homme – en l’occurrence des babouins. Des chercheurs basés à Munich ont débuté une série d’expériences en 2015, impliquant 14 singes. Pour limiter la croissance des cœurs de porcs, l’équipe munichoise a mis au point un traitement hormonal, qui rend l’organe viable pour le babouin. Leurs travails, publiés le 5 décembre dernier dans la revue Nature fait état d’un nouveau record : 195 jours, soit plus de six mois de survie, avec un cœur de cochon.
Cette solution permettrait de contourner le problème généré par le manque d’organes humains disponibles pour la transplantation. A l’heure actuelle, 90% des personnes en attente de greffe de cœur ne trouveront jamais de donneur. Ne sont produits que 3 500 implants cardiaques chaque année à échelle mondiale ? « Des défenseurs des droits des animaux diront que c’est une mauvaise chose, mais si l’on peut sauver une vie (humaine), n’est-ce pas légèrement mieux ? » s’interroge le professeur Terence English – un avis qui ne l’engage que lui.
Autre piste : le cœur de porc pourrait stimuler la réparation cardiaque. La thérapie génique a en effet déjà fait ses preuves chez les porcs. La transplantation d’un morceau d’ADN, appelé microARN-199 à des cœurs de porcs venant de subir un infarctus s’est en effet avérée un succès. Ce traitement permet de réparer les dommages causés au cœur par une crise cardiaque et ainsi éviter l’évolution de la maladie vers une insuffisance cardiaque. Mais les animaux ont fini par décéder, car l’équipe doit encore découvrir comment contrôler la propagation du microARN-199.