La technologie CRISPR-Cas9, qui permet d’insérer ou de supprimer un morceau d’ADN, serait régie par un ensemble de règles simple, d’après une étude britannique.
L’édition génétique a dernièrement fait la « une » alors qu’un laboratoire chinois annonçait la naissance de jumelles, Lulu et Nana génétiquement modifiées au stade embryonnaire. La nouvelle a provoqué un tollé dans le monde scientifique international, et He Jiankui, l’auteur de cette expérience, s’est fait vivement critiquer par une grande majorité de ses pairs. Outre les questions éthiques évidentes que son travaille pose, nombreux sont ceux qui ont estimé que la technologie CRISPR-Cas9, inventée il y a seulement six ans, n’est pas encore assez fiable pour être utilisée à ces fins.
Une problématique déjà solévée dans une publication de Nature en juillet. L’article « montrait que CRISPR provoquait des modifications incontrôlées ». D’autres publications « dans des revues de notoriété plus ou moins grandes ont mis en évidence que CRISPR n’est pas, dans sa configuration actuelle, un outil aussi précis, spécifique et efficace que le prétendent ses promoteurs » jugeait l’éminente publication. Si CRISPR se révèle être un « outil de choix pour la recherche », il ne l’est pas forcément « pour le stade industriel » précisait quant à lui Stéphane Altaba, responsable du développement chez Genomic Vision.
Or, une équipe de chercheurs britannique semble croire qu’il serait possible d’éviter les erreurs provoquées par la fameuse technique de modification de l’ADN. D’après une étude publiée dans la revue Molecular Cell, les règles gouvernant la précision de CRISPR-Cas9 seraient en réalité asses simples. Les scientifiques du UCL Genetics Institute ont ainsi examiné les effets de CRISPR-Cas9 sur 1.491 séquences ciblées sur 450 gènes de cellules humaines. « Nous avons été stupéfaits de découvrir que les règles qui déterminent le résultat de l’édition du CRISPR sont si simples », commente dans le communiqué le Dr Anob Chakrabarti, co-premier auteur de l’étude.
« En tenant compte de ces règles lors de la conception de nos ARN guides, nous pouvons maximiser les chances d’obtenir le résultat souhaité d’une modification génique spécifique – ce qui est particulièrement important dans un contexte clinique » note-t-il. « Jusqu’à présent, la modification de gènes avec CRISPR impliquait beaucoup de conjectures, de frustrations, d’essais et d’erreurs », Paola Scaffidi, qui a dirigé l’étude. Si l’hypothèse des chercheurs s’avérait bonne, une cartographie précise des effets des éditions CRISPR-Cas9 pourrait être réalisée. Elle permettrait de rendre toute procédure utilisant cette technique beaucoup plus prévisible.