Des chercheurs finlandais ont développé une nouvelle méthode permettant de vacciner les colonies d’abeilles pour les protéger des bactéries et des virus.
Les abeilles sont des contributrices essentielles à nos écosystèmes. Elles contribuent à la pollinisation de 90% des cultures mondiales. En France, environ 70 % des 6 000 espèces de plantes recensées, sauvages et cultivées, sont pollinisées par les insectes pollinisateurs et certaines plantes en dépendent totalement. Aussi leur disparition aurait des conséquences tragiques pour l’environnement, mais aussi notre mode de vie.
Déjà décimées par le recours croissant aux fongicides et autres pesticides néonicotinoïdes, les abeilles sont également menacées par des épidémies meurtrières qui peuvent décimer des colonies entières. Or, Dalial Freitak et Heli Salmela, chercheurs à l’université de Helsinki, ont annoncé fin octobre avoir découvert le premier vaccin au monde pour un insecte baptisé PrimeBEE. Ce dernier est destiné à combattre la bactérie Paenibacillus larvae causant la loque américaine – une maladie du couvain de l’abeille mellifère
En Europe, il n’est pas possible de recourir à des antibiotiques pour prévenir une infection, car il y a une tolérance zéro pour les résidus d’antibiotiques dans le miel. Mais là encore, il s’agirait d’une fausse solution : aux États-Unis, où un tel recours est largement autorisé, la bactérie a développé une résistance au traitement. La seule solution actuelle employée à ce jour : détruire les ruches contaminées par le feu pour éviter une dissémination.
Il était jusqu’à présent réputé impossible de traiter les abeilles car les insectes, contrairement aux mammifères, se caractérisent par leur absence de système immunitaire centralisé (anticorps). Or le principe de la vaccination est d’exposer un corps à une menace contrôlée pour qu’il aprenne à se défendre.Mais les deux chercheurs ont choisi d’emprunte run chemin de traverse : exposer la reine d’une colonie d’abeilles à une source faiblement pathogène pour que cette dernière transmette à sa descendance une résistance à cette bactérie à l’aide d’une protéine, la vitellogénine.
La méthode a permis de transmettre la résistance à la loque américaine avec un succès relatif.Elle a permis de sauver au minimum 2% ou 3% de leur population – là où la maladie exterminait systématiquement la totalité de la colonie. Et ça n’est que le début : la même technique devrait pouvoir être affinée et à terme aider à protéger les abeilles et les autres pollinisateurs contre « plusieurs maladies microbiennes » d’après les deux chercheurs.