Des scientifiques ont développé des nanoparticules biodégradables capables de transporter un nouvel anti-inflammatoire directement dans les cellules où son action est requise. Ces nanoparticules protègent le médicament le long de son trajet dans le corps, ce qui réduit les risques d’effets secondaires, et le libèrent dans les macrophages qui sont les cellules où se déclenchent les réactions inflammatoires incontrôlées. Ces scientifiques de l’université de Genève (UNIGE) et de la Ludwig Maximilians Universität München (LMU) ont utilisé dans leurs travaux une méthodologie de criblage in vitro qui a permis de limiter les expériences sur les animaux. Ils ont publié leurs résultats dans le Journal of Controlled Release.
Les inflammations qui constituent une réponse immunitaire peuvent devenir problématiques lorsqu’elles sont chroniques comme c’est le cas avec les personnes souffrant de cancer, de déficience immunologique ou d’infections virales. Si elles sont soignables, le manque de ciblage des traitements, et les fortes doses nécessaires entraînent des effets secondaires délétères.
Certaines nouvelles molécules telles que le Nécrosulforamide (NSA) sont prometteuses pour réduire certaines inflammations, mais ne peuvent pas être mis sur le marché en raison de leurs effets secondaires graves. « L’utilisation de nanoparticules comme vaisseau de transport, permettrait de contourner ce problème en délivrant le médicament directement dans les macrophages pour combattre la sur-activation inflammatoire à l’endroit où elle commence » affirme Gaby Palmer, l’un des co-directeurs de l’étude.
Les scientifiques ont testé plusieurs nanoparticules poreuses, recherchant celles qui réduirait les risques de toxicité, permettraient un dosage adéquat et libéreraient les anti-inflammatoire uniquement lorsqu’elles seraient dans le macrophage. « Nous avons utilisé une technologie de criblage in vitro que nous avons développée il y a quelques années sur des cellules de souris et d’humains. Cela nous a permis de gagner du temps et de réduire considérablement la nécessité d’utiliser des modèles d’animaux », explique Carole Bourquin, professeure à l’UNIGE qui a également participé à l’étude.
Finalement, c’est la nanoparticule de silice poreuse qui a rempli l’ensemble des critères pour un résultat remarquable. Ce type de nanoparticules avaient déjà fait leurs preuves dans le cas de médicaments anti-tumoraux. « La silice mésoporeuse se révèle de plus en plus comme une nanoparticule de choix dans le domaine pharmaceutique, car elle est très efficace, stable et non-toxique. Néanmoins, chaque médicament nécessite un support sur mesure : la forme, la taille, la composition et la destination des particules doivent être réévalués à chaque fois » précise Carole Bourquin.
L’étude continuera d’étudier cette synergie prometteuse entre la silice poreuse et l’anti-inflammatoire.