À l’aide de la réalité virtuelle et de stimulations électriques, des chercheurs suisses ont réussi à tromper le cerveau pour que des patients amputés finissent par assimiler les sensations leur membre fantôme à leur prothèse.
Les dispositifs immersifs de réalité virtuelle trouvent aujourd’hui de nombreuses applications dans le domaine médical. Une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, a publié, le 12 août 2018, dans le Journal of Neurology, Neusurgery & Psychiatry une étude qui s’appuie sur es procédés afin d’aider le cerveau à s’habituer à des prothèses mécaniques – en le trompant ! Les personnes ayant perdu un membre parlent souvent (60 à 80 % des individus ayant fait l’expérience d’une amputation) d’une sensation fantôme (appelée hallucinose) qui leur donne l’impression que le membre manquant est toujours relié au corps. On parle alors de sensation fantôme.
Les chercheurs de l’école polytechnique de Lausanne se sont penchés sur le potentiel de cette sensatio pour surmonter les difficultés souvent insurmontables d’appropriation de la prothèse par le patient amputé. « Le cerveau utilise régulièrement ses sens pour évaluer ce qui appartient au corps et ce qui est extérieur au corps » explique Giulio Rognini, auteur de l’étude. Or, la plupart des prothèses disponibles n’offrent pas de retour sensoriel hormis ce que le patient en voit. Giulio Rognini et son équipe pensait pouvoir, en combinant leur vue et leur toucher, des personnes amputées faire croire au cerveau que leur prothèse de main appartient à leur propre corps.
Leurs travaux ont donc fait appel à la réalité virtuelle à des fins thérapeutiques, en la combinant à des messages dans le système nerveux via des électrodes reliées aux principaux nerfs du moignon pour stimuler la sensation de toucher dans le cerveau. « Le stimulus visuel a fini par l’emporter sur le stimulus tactile », indiquent les scientifiques en ajoutant « les cerveaux de nos sujets volontaires ont vécu l’illusion que ce tapotement provenait réellement de ses jambes paralysées ». Grâce à l’utilisation de la réalité virtuelle le cerveau des deux patients testés s’est bel et bien fait alors berner.
« Nous avons montré exactement comment la vision et le toucher peuvent être combinés pour tromper le cerveau de la personne amputée afin qu’elle sente ce qu’elle voit, ce qui induit une appropriation de la prothèse, avec l’effet additionnel que le membre fantôme croît dans la prothèse » explique l’étude. « Dans les études futures, nous prévoyons d’étudier la quantité de stimulation appropriée pour rendre notre effet durable et, idéalement, permanent ». L’équipe suisse espère désormais développer une version plus portative de leur procédé afin de multiplier les tests – et ainsi les chances de voir cette procédure se généraliser.