Des journalistes allemands ont fait publier un article mensonger sur les prétendues vertus anticancéreuses d’un extrait naturel afin de piéger des revues scientifiques prédatrices qui partagent les contenus sans vérification des données.
A l’heure des « fakes news », la science se présente comme un barrage contre la diffusion d’idées fausses. Pourtant, certains semblent plus enclins à récolter les fruits du travail des autres que de suivre ne déontologie – qu’elle soir journalistique ou scientifique. Ce sont « des dizaines de maisons d’édition peu scrupuleuses » qui « ont créé des centaines de revues en accès libre au nom ronflant, ayant toutes les atours de vraies revues savantes » dénonce le quotidien français le Monde, dans un article qui fait la lumière sur l’affaire des gélules de propolis – une substance résineuse issue d’arbres.
Un groupe de journalistes allemands, du quotidien Süddeutsche Zeitung et de la radiotélévision publique Norddeutscher Rundfunk (NDR) ont ainsi transmis à la revue Journal of Integrative Oncology « les résultats d’une étude clinique montrant que de l’extrait de propolis était plus efficace sur le cancer colorectal que les chimiothérapies conventionnelles ». L’information était toutefois fausse, et le canular visait à démasquer des sites qui reprennent les informations publiées, sans prendre la peine de les vérifier. La revue victime de ce mauvais tour, le Journal of Integrative Oncology, en question est publiée par un éditeur indien, Omics.
« L’étude était fictive, les données fabriquées, et les auteurs, affiliés à un institut de recherche imaginaire, n’existaient pas non plus. La publication fut néanmoins acceptée en moins de dix jours et publiée le 24 avril » explique le Monde. Omics avait déjà épinglé pour la qualité de ses publications par le passé, mais cette fois la leçon est sévère. En outre, l’absence de scrupules de certaines publications est dangereuse dans un système qui repose entièrement sur le lien de confiance qu’il existe entre l’éditeur et le lecteur.
L’expérience n’est malheureusement pas novelle. En 2013, la prestigieuse revue Science avait envoyé un article totalement farfelu vantant les propriétés anticancéreuses du lichen. Sur les quelques 304 revues scientifiques en accès libre contactées, plus de 50% avaient fait circuler la fausse information.