* Traduction littérale de l’Anglais : « an elephant in the room » qui signifie un problème important et visible, dont les gens préfèrent éviter de parler
L’obésité et les maladies métaboliques chroniques tuent les patients du COVID -19: il est maintenant temps de se nourrir plus sainement, afin de protéger nos systèmes de santé (NHS) et de sauver des vies.
UN PROBLÈME LIÉ À NOS SYSTÈMES DE SANTÉ
La semaine dernière, j’ai consulté un de mes amis, directeur de recherche et médecin clinicien en chef dans l’un des services d’urgence les plus sollicités de New York, pour savoir comment il se débrouillait face à l’épidémie de Coronavirus.
« La situation est désastreuse. Notre système de santé déjà défaillant est au bord de l’effondrement. Priez pour nous », m’a-t-il répondu.
Beaucoup de médias ont rapporté que, comme le Royaume-Uni, la nation la plus riche du monde a mis du temps à réagir aux conseils émis par l’Organisation mondiale de la santé le 31 janvier.
Cela a conduit au manque d’équipements de protection individuelle vitaux, le confinement étant ordonné plus tard que nécessaire et le manque de tests pour déterminer les taux réels de mortalité par infection et pour ralentir celle-ci afin de mieux la gérer (1). Pour le COVID-19, la prévention ne vaut pas mieux que la guérison, la prévention EST le remède, du moins pour l’avenir proche. Il semble que les décès disproportionnés de personnel de première ligne sans protection adéquate ont révélé une exposition proche à une charge virale élevée des patients et pourraient être liés à une maladie plus grave.
En Grande-Bretagne, le confinement et de la distanciation sociale ont été décidé afin de protéger le Système de Santé britannique (NHS) contre les débordements causés par ce nouveau virus qui est nettement plus contagieux et estimé plusieurs fois plus mortel que le taux de mortalité par infection de 0,1% de la grippe. (2)
En même temps, nous devons également faire face aux effets néfastes de ces mesures sur la santé de la population et l’économie. À quel moment «l’assignation à résidence» fait-elle plus de mal que de bien? (3)
« L’éléphant dans la pièce », la situation évidente dont personne ne parle, est que l’état de santé général de nombreuses populations occidentales était déjà dans un mauvais état au départ. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, plus de 60% des adultes sont en surpoids ou obèses. En quoi est-ce pertinent pour COVID-19 ?
L’OBÉSITÉ, LE VRAI TUEUR DERRIÈRE LE COVID
Il est bien connu dans la littérature médicale que l’excès de graisse corporelle induit une dérégulation immunitaire et une inflammation chronique qui est directement liée à l’orage de cytokines qui est responsable du syndrome de détresse respiratoire aiguë observé dans la grippe et d’autres virus respiratoires. (4)
Par exemple, en 2009 en Californie, 61% des patients admis à l’hôpital qui sont décédés de la grippe A H1N1 étaient obèses, ce qui était 2,2 fois plus que la prévalence de l’obésité dans la population de l’État. Une analyse multivariée a suggéré que l’obésité était un nouveau facteur de risque de mortalité par le virus. (5) En outre, les adultes obèses excrètent le virus de la grippe A 42% plus longtemps que les individus non obèses, ce qui suggère un rôle supplémentaire dans la transmission. (6)
Les données des 2204 premiers patients atteints du Covid-19, admis dans 286 unités de soins intensifs du NHS révèlent que 72,7% d’entre eux étaient en surpoids ou obèses. (7)
Il y a plusieurs années, un conseiller principal m’a personnellement fait part de ses principales préoccupations au sujet du maire de l’époque, Boris Johnson. « Je suis inquiet pour sa santé Aseem. Il est nettement en surpoids et n’a pas l’air bien. » Et ce, malgré le fait que Boris se rendait régulièrement à son bureau à l’hôtel de ville. Obésité et bonne santé, ne vont jamais de paire. (8)
Nous ne devons pas ignorer le fait que 50 à 60% des 1,4 million de travailleurs du NHS sont eux-mêmes en surpoids ou obèses, ce qui n’est pas surprenant lorsque plus de la moitié du régime britannique est composé d’aliments ultra-transformés (9) et les trois quarts des aliments achetés dans les hôpitaux sont de mauvaise qualité. (10) A contrario, on pourrait en partie expliquer le faible taux de mortalité du virus en Corée du Sud, à une prévalence d’obésité les plus faibles au monde.
Mais il y a quelque chose d’encore plus important du point de vue clinique que l’IMC, liée au tour de taille : c’est la prévalence des maladies métaboliques chroniques qui peuvent affecter un grand nombre de poids «normaux». De plus, l’obésité sarcopénique peut classer de manière erronée de nombreux patients âgés atteints du Covid-19, alors qu’ils ont un IMC normal lors de leur admission à l’hôpital. Seuls 12,2% des adultes américains sont considérés comme sains métaboliquement, avec moins d’un tiers des personnes de poids normal également situés dans cette catégorie (11). Des statistiques qui doivent être similaires au Royaume-Uni. A cela s’ajoute qu’un poids normal métaboliquement en mauvaise santé présente un risque de mortalité à toutes les causes et les événements cardiovasculaires, plus de trois fois supérieur à celui d’un poids normal et métaboliquement en bonne santé. On ne peut pas parler de « poids de bonne santé » seulement de personne en bonne santé.
LE DIABÈTE ET LE SYNDROME MÉTABOLIQUE ACCENTUENT LE RISQUE
Un article récent de Nature indique que «les patients atteints de diabète de type 2 et de syndrome métabolique peuvent avoir un risque de décès 10 fois plus élevé lorsqu’ils contractent COVID-19» et a appelé à un contrôle glycémique et métabolique obligatoire des patients atteints de diabète de type 2 pour améliorer les résultats. Les auteurs suggèrent également qu’il serait utile d’en faire une priorité chez TOUS les patients atteints de COVID 19. (12) Il est intéressant de souligner que le nombre disproportionné de personnes issues de minorités noires et ethniques succombant au virus peut s’expliquer en partie par un risque considérablement accru de maladies métaboliques chroniques dans ces groupes. Par exemple, pour ceux d’origine sud-asiatique vivant au Royaume-Uni, le diabète de type 2 est 2,5 à 5 fois plus répandu et trois fois plus fréquent chez les personnes d’origine afro-caribéenne en comparaison avec les personnes de type Caucasien.
« Public Health England » a déclaré que cette épidémie était le meilleur moment pour arrêter de fumer, en s’appuyant sur des recherches faites en Chine qui affirment que les fumeurs sont 14 fois plus susceptibles de contracter une maladie grave après avoir contracté COVID-19. (13) Mais pourquoi ne pas aussi demander au public « d’arrêter de consommer des aliments ultra transformés» ? Des études observationnelles ont révélé un lien clair entre la consommation de ces aliments avec l’obésité, les maladies métaboliques et le cancer. (14) Récemment, un ECR (Réponse efficace au consommateur) «historique» assez bien conçu a révélé une différence de poids de 2 kg après deux semaines à la suite d’un régime à base de produits ultra-transformés d’une part et un régime alimentaire à base de produits « peu transformés », d’autre part. (15) Les changements alimentaires sont également connus pour réduire rapidement et considérablement la morbidité et la mortalité cardiovasculaires. (16)
25 à 50% des personnes atteintes de diabète de type 2 peuvent améliorer considérablement leur contrôle glycémique et leur tension artérielle et mieux se porter en changeant un certain nombre de comportements, y compris avec un régime pauvre en glucides raffiné (sans avoir besoin de compter les calories) en quelques semaines ou mois, respectivement. (17) (18). Si ce n’est pas l’occasion pour la Grande-Bretagne d’en finir avec son épidémie de diabète de type 2, à ce jour la maladie plus coûteuse pour le NHS, alors on se demande quand est-ce que ça le sera ?
Les systèmes de santé étaient déjà surchargés avant COVID-19 en raison de décennies de mauvaise répartition des ressources dues à «trop de médicaments», combinant notre échec collectif à mettre en œuvre des changements de politique pour s’attaquer à la cause profonde des maladies liées à l’alimentation – l’environnement de la malbouffe inévitable.
Le message de santé publique « restez à la maison » martelé par le gouvernement et relayé par les médias, afin de protéger le NHS et sauver des vies a été puissant et efficace. Compte-tenu de la vitesse à laquelle les indicateurs de santé pour les maladies métaboliques s’améliorent grâce aux interventions alimentaires, on devrait relayer un message tout aussi fort, sinon plus important, sur la santé de la population afin que celle-ci «fasse attention à son alimentation, protége le NHS et sauve des vies». Une telle campagne, appuyée par des changements de politique, pourrait non seulement sauver des centaines voire potentiellement des milliers de vies dans le monde au cours des prochains mois ; et de la même importance, en prévision d’une éventuelle autre pandémie virale internationale au cours de la prochaine décennie : une population en meilleure santé et des services de santé plus faciles à gérer, seront mieux préparés pour faire face à ce qui serait alors un pic de mortalité plus faible. Espérons alors que la prochaine fois, il n’y aura pas besoin de confinement.
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4717890/pdf/an010207.pdf
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21208911
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6151083/
- file:///C:/Users/User/AppData/Local/Microsoft/Windows/INetCache/IE/2H1KN739/ICNARC%20COVID-19%20report%202020-04-04.pdf.pdf
- https://academic.oup.com/eurheartj/article/39/17/1514/4937957
- Rauber F, da Costa Louzada ML, Steele EM, Millett C, Monteiro CA, Levy RB. Ultra-Processed Food Consumption and Chronic Non-Communicable Diseases-Related Dietary Nutrient Profile in the UK (2008⁻2014). Nutrients. 2018;10(5):587.
- https://www.theguardian.com/society/2019/may/22/food-bought-nhs-hospitals-unhealthy-audit-shows-crisps-sweets-cakes
- Araújo J, Cai J, Stevens J. Prevalence of Optimal Metabolic Health in American Adults: National Health and Nutrition Examination Survey 2009–2016. Metabolic Syndrome and Related Disorders, 2018; DOI: 10.1089/met.2018.0105
- https://www.nature.com/articles/s41574-020-0353-9
- https://www.gov.uk/government/news/smokers-at-greater-risk-of-severe-respiratory-disease-from-covid-19
- https://archive.wphna.org/wp-content/uploads/2016/01/WN-2016-7-1-3-28-38-Monteiro-Cannon-Levy-et-al-NOVA.pdf
- Hall KD, Ayuketah A, Brychta R, et al. Ultra-Processed Diets Cause Excess Calorie Intake and Weight Gain: An Inpatient Randomized Controlled Trial of Ad Libitum Food Intake [published correction appears in Cell Metab. 2019 Jul 2;30(1):226]. Cell Metab. 2019;30(1):67–77.e3.
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