Une étude franco-suisse s’est penchée sur les différences des réponses immunitaires d’un individu à l’autre. Ils ont découvert que chez les êtres humains en bonne santé, les personnes âgées et les femmes possèdent plus d’anticorps.
Un groupe de chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en collaboration avec l’Institut Pasteur a étudié les réponses humorales de mille personnes aux infections et vaccins courants. Ils ont exploré l’impact potentiel des variations génétiques humaines sur la réponse immunitaire à ces différents pathogènes et les facteurs qui permettent d’expliquer cette différence chez les individus en bonne santé. Ils ont mesuré la présence d’anticorps contre quinze antigènes (molécules qui déclenchent une réponse humorale) provenant de douze agents infectieux : cytomégalovirus, virus Epstein-Barr, virus herpès simplex 1 et 2, virus varicelle-zona, virus de la grippe A, rougeole, oreillons, rubéole et virus de l’hépatite B, Helicobacter pylori et Toxoplasma gondii.
Pour faire ressortir des différents groupes, ils se sont penchés sur l’impact de nombreuses variables démographiques. Cette étude a permis d’établir que « la force de la réponse contre le virus d’Epstein-Barr et la rubéole dépend de variations dans la région des gènes de l’antigène leucocytaire humain, qui contient l’information nécessaire à la fabrication des protéines impliquées dans la reconnaissance des antigènes étrangers ». Il ressort de leur étude que, chez les êtres humains en bonne santé, l’âge et le sexe sont les déterminants les plus importants de la réponse humorale, les personnes âgées et les femmes possédant plus d’antigènes leucocytaires. On savait déjà que le système immunitaire masculin ne répondait pas aussi vigoureusement que celui de la femme aux vaccins contre la fièvre jaune, la grippe, la rougeole ou l’hépatite.
Mais cette étude ne permet pas uniquement de pointer du doigt une différence entre deux systèmes immunitaires. Elle devrait ouvrir la voie à des études immunologiques plus poussés. « Pour combattre les maladies infectieuses et auto-immunes, nous devons mieux comprendre la variation de la réponse immunitaire chez les personnes en bonne santé », explique dans un communiqué Jacques Fellay, co-auteur de l’étude. « Notre étude est un premier pas nécessaire vers une prise en charge médicale plus individualisée dans le domaine de l’infection et de l’immunité ». En outre, identifier les causes spécifiques de cette variabilité permettrait à la fois d’améliorer les vaccins, de prédire la susceptibilité d’une personne à un pathogène particulier.