La bactérie responsable de la tuberculose produit une toxine mortelle pour elle qui est activée lorsque l’environnement devient défavorable. Des chercheurs de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale veulent détourner le mécanisme à des fins thérapeutiques.
La tuberculose est une maladie de plus en plus difficile à soigner, son bacille, le Mycobacterium tuberculosis, résistant à la plupart des antibiotiques sur le marché. Cependant, le bacille de Koch, bactérie responsable de la maladie, est régi par un mécanisme d’autodestruction qui vient d’être mis en évidence pour la première fois par Olivier Neyrolles, chercheur CNRS à l’IPBS. Ce chercheur et son équipe, ont découvert que la bactérie produit une toxine mortelle, appelée MbcT.
Les résultats de son étude ont été publiés dans la revue « Molecular Cell ». D’après ces travaux, la bactérie peut décider de su suicider lorsque l’environnement devient défavorable – en cas de danger ou de manque de nourriture. « La cause de ce phénomène est très débattue », explique Olivier Neyrolles. « Dans les situations où une bactérie est attaquée par un virus, elle peut se sacrifier pour éviter qu’il ne se propage dans la population bactérienne. »
Cette solution est drastique : une fois la toxine activée, toutes les cellules bactériennes meurent éradiquant ainsi la maladie. L’équipe d’Olivier Neyrolles a montré l’intérêt thérapeutique de cette toxine lorsqu’on provoque artificiellement la production de toxines. Les chercheurs ont infecté des cellules humaines et des souris avec une souche de tuberculose et y ont vu la maladie décliner rapidement lors de la procédure.
Ces résultats ouvrent donc une piste de traitement totalement inédite contre cette maladie, qui reste l’une des 10 premières causes de décès au monde « Nous voulons mettre au point une nouvelle génération d’antibiotiques, complémentaires des autres, et c’est d’autant plus d’actualité qu’on découvre tous les ans près de 500.000 cas de tuberculoses résistantes », explique ainsi l’étude. « On exploiterait le système naturel de la bactérie en la retournant contre elle », résume le directeur de recherche.
La prochaine étape du processus va consister à trouver une molécule, dont l’ingestion ne pose pas de risque à la santé humaine, capable de réduire la production de l’antidote à la toxine tueuse chez la bactérie. « Nous espérons y parvenir d’ici un an », indique Olivier Neyrolles. Le procédé pourrait en plus être appliqué à d’autres bactéries pathogènes qui possèdent le même pouvoir suicidaire.