Une grande partie de la population européenne – environs 1 européen sur 600 – serait porteuse d’une mutation génétique qui augmente la vulnérabilité à la tuberculose.
Sommes-nous inégaux face à la tuberculose ? D’après une récente étude de l’Institut Imagine publiés dans Science Immunology, environs une personne sur 600 porte une mutation génétique la rendant plus à risque de contracter la maladie lors d’expositions bactérienne. Le Dr Laurent Abel (Inserm), de l’Institut Imagine, explique l’objectif de ces travaux. Tout partait d’une constatation intrigante : « 90% des personnes infectées par le bacille restent des porteurs sains, qui n’auront jamais aucun symptôme ». Comment expliquer cela ?
« On sait déjà que les déficiences immunitaires acquises, comme le virus du Sida ou la prise de traitement immunosuppresseur, ainsi que la dose d’exposition à la bactérie, sont des causes de sensibilité accrue à la tuberculose », explique le chercheur. « Notre hypothèse, c’est que la majorité des sensibilités à la tuberculose sont d’origine génétique » note-t-il.
Afin de perce ce mystère, les chercheurs français ont étuidé des extraits d’ADN de patients tuberculeux. Ces dernières montrent que le risque d’être atteint de la maladie est plus élevé chez les patients qui ont deux copies d’une variation génétique liée à l’enzyme TYK2, impliquée dans la réponse immunitaire. Cette mutation serait particulièrement présente en Europe (une personne sur 600) – avec seulement une personne sur 1000, parfois 10 000, dans le reste du monde. Et ce alors même que la tuberculose est concentrée dans d’autres zones du globe, comme l’Inde, la Chine ou l’Indonésie.
« Bien sûr, cette mutation n’est potentiellement dangereuse que si l’on est exposé à la bactérie, ce qui est très peu probable en France où elle a été éradiquée » précise Laurent Abdel. Pour autant, cette découverte n’est pas anodine : « Rappelons qu’avec 1,5 million de morts par an dans le monde, la tuberculose reste la maladie infectieuse qui tue le plus avec le sida et le paludisme » ajoute l’auteur de l’étude. Aussi, elle devrait servir de base pour n traitement complémentaire chez les personnes pus susceptibles de contracter la maladie.
« Le gène affecté par cette variation est normalement impliqué dans le processus de production d’une cytokine [une substance du système immunitaire, ndlr] que l’industrie pharmaceutique sait synthétiser. On pourrait donc l’administrer aux malades concernés, en complément des antibiotiques » souligne l’étude. Cette pise pourrait également servie à détecter des susceptibilités pour d’autres maladies et les traiter. « Nos gènes nous rendent plus ou moins vulnérables à certaines infections. Des mutations génétiques se trouvent impliquées dans les formes très sévères d’infections communes » explique l’équipe. Il s’agit donc d’une piste prometteuse.