Le laboratoire pharmaceutique allemand Bayer annonce qu’il retire l’implant contraceptif Essure du marché. Les Etats-Unis étaient le dernier pays à commercialiser ce dispositif.
Le contraceptif Essure est une méthode de contraception définitive (stérilisation) via un petit ressort à insérer dans trompes de Fallope, provoquait leur obstruction des trompes de Fallope. S’il était très marginal en Europe (moins de 5% des femmes en France), il l’était nettement moins aux Etats-Unis (25% des moyens contraceptifs). Il est majoritairement sollicité en fin de fécondité, à l’arrêt d’un contraceptif oestrogénique (pilule). Et il ne sera plus produit à compter de cet été.
D’après Bayer, ce retrait intervient en raison d’un « déclin des ventes ces dernières années ». Dans un communiqué, le groupe liste « plusieurs facteurs [qui] ont contribué au déclin de l’intérêt pour Essure de la part de femmes aux Etats-Unis », nommément « un recul de l’utilisation de contraception permanente » ou encore « l’augmentation de l’utilisation d’autres formes de contraception », mais aussi « une publicité inexacte et trompeuse ».
En cause, une controverse dont l’implant contraceptif Essure avait fait l’objet. Aux Etats-Unis, Bayer est visé par une action de groupe qui réunit près de 16 000 femmes qui ont déclaré des blessures survenues à cause de poses de tels dispositifs (problèmes pelviens, douleurs et saignements). Si l’arrêt de la pilule est connu pour parfois faire réapparaître des règles douloureuses, Essure a aussi été reconnu par la médecine comme un instrument susceptible de faire ressurgir des pathologies gynécologiques comme l’endométriose, des fibromes, etc., qui peuvent être douloureuses.
« Depuis que le dispositif Essure a été mis sur le marché, de nombreux signalements d’effets indésirables ont été signalés par les femmes à travers le monde entier. La Food and Drug Administration a déclaré qu’à partir de 2002, date à laquelle Essure a été approuvé, jusqu’à la fin de 2017, qu’elle avait reçu près de 27 000 rapports d’événements indésirables », d’après Marielle Klein, présidente du Réseau d’entraide, de soutien et d’informations sur la stérilisation tubulaire (RESIST).
En outre, « la FDA continue de penser que le bénéfice de ce dispositif est supérieur aux risques encourus ». La conclusion est la même en France, où l’ANSM a validé le principe de ce dispositif. « Celui-ci a été évalué en avril dernier par un comité d’experts réuni à l’Agence sur la base des données de la littérature, de la surveillance et des résultats de l’étude épidémiologique, portant sur plus de 100 000 femmes ». Elle a confirmé un rapport bénéfice/risque nettement positif.
La nouvelle de leur retrait du marché est souvent associée – à tort – uniquement aux controverses entourant Essure. Aussi, il peut paraitre tentant de se faire retirer l’implant de peur qu’il soit dangereux pour la santé – et ce alors que la porteuse n’a pas subi d’effet secondaires. « C’est une intervention lourde, qui présente des risques » met en garde le professeur Olivier Graesslin. Aussi, cet obstétricien souligne qu’il est « crucial c’est de bien évaluer la situation avant de décider à réaliser ce geste ».