Un Brexit sans accord risque de provoquer une pénurie de médicaments en Europe d’après la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques. Le Royaume-Uni étant un important producteur du continent, le manque affecterait cette fois également l’UE.
Les mises en garde, plus ou moins apocalyptiques en cas de Brexit sans accord s’enchainent toutes les semaines à mesure que chaque secteur fait le bilan. Cette fois, c’est l’industrie pharmaceutique qui tire la sonnette d’alarme, expliquant que les conséquences d’un « hard Brexit » sur le secteur européen de la santé seraient désastreuses – et ce des deux côtés de la Manche.
Si Londres importe quelque 37 millions de tonnes de médicaments tous les ans du continent – en particulier l’insuline, comme rappelé en Février dernier, le Royaume-Uni n’en est pas moins un exportateur majeur de produits pharmaceutiques. Il envoie en effet chaque mois quelque 45 millions de boîtes de médicaments vers le reste de l’Union européenne pour 13 milliards d’euros (chiffres de 2016 partagés par la Chambre des Communes).
Aussi, faute d’accord pour organiser ces flux après la sortie de l’UE, certains médicaments pourraient être privés de l’approbation réglementaire requise pour pouvoir continuer d’être importés du Royaume-Uni. Aussi, la pénurie déjà existante en raison de difficultés de production, de réglementation ou de distribution, – bien que mineure – dans certains états membres de l’UE pourrait sensiblement s’aggraver – en particulier pour les vaccins.
« Malgré une préparation intensive de la part de l’industrie pharmaceutique pour chaque scénario, un Brexit sans accord risque de perturber l’approvisionnement en médicaments » dans toute l’UE, a déclaré à Reuters Andy Powrie-Smith, responsable de la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques.
« Il y aura des problèmes et des retards dans la chaîne d’approvisionnement en raison des protocoles frontaliers, mais je pense que nous pourrons y faire face », estime lui aussi Eric Van Nueten, administrateur délégué de Febelco, le principal grossiste en médicaments de Belgique.
L’Agence européenne des médicaments (EMA), l’organisme européen de réglementation du secteur, estime en revanche que l’UE est bien préparée. Elle aurait finalisé les autorisations pour la quasi-totalité des 400 médicaments sous sa surveillance, soir les médicaments destinés au traitement des maladies les plus courantes et les plus graves, parmi lesquelles le cancer, le diabète et la grippe. L’agence admet toutefois ne pas disposer d’une « vue complète » pour les traitements plus marginaux.