Bruxelles commence à s’intéresser à la question du double standard de qualité des produits vendus dans différents états membres.
Le scandale a été révélé en Février 2016 : certains produits sont vendus à des états membres de l’est de l’Union par de célèbres marques occidentales dans un emballage identique, mis ils contiennent plus de sel, de sucre, de matières grasses. De la mozzarella remplacée par un ersatz de fromage composé de graisse végétale, de la limonade saturée de sirop de glucose en guise de sucre… La situation révélée par des tests en laboratoire concerne en particulier le groupe de Visegrad (Slovaquie, République tchèque, Pologne et Hongrie) et ses voisins roumains et bulgares.
En décembre 2016, plusieurs capitales ont demandé à la Commission européenne de prendre des mesures. Fin juillet, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait finalement réagi, jugeant la situation « inacceptable ». A propos de ces pratiques qu’il jugeait « discriminatoires », il avait déclaré : « Je n’aime pas l’idée qu’il y ait des citoyens de seconde catégorie en Europe », promettant d’élaborer des propositions de directives visant à améliorer les tests de qualité des produits partout en Europe.
« Nous allons intensifier la lutte contre le double niveau de qualité des aliments. Nous avons modifié la directive sur les pratiques commerciales déloyales afin de rendre noir sur blanc le fait que la double qualité des aliments est interdite », a déclaré Vĕra Jourová, commissaire européenne chargée de la justice en fin de semaine dernière. Elle propose que la double qualité des aliments devienne une pratique déloyale, passible d’une lourde amende (jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires de l’entreprise incriminée).
« Cela donnera aux autorités nationales l’outil qu’elles ont demandé pour mettre fin à cette pratique », estime cette dernière. Elle va entamer en parallèle des discussions avec les producteurs et les supermarchés, en commençant par les multinationales du secteur alimentaire qui ont été éclaboussés par le scandale. Le fabricant allemand de biscuits Bahlsen, vient par exemple d’annoncer qu’il remplacerait l’huile de palme utilisée en Europe de l’est par du beurre, comme dans la recette originale.
Le ministre tchèque aux Affaires européennes, Aleš Chmelař, a salué la proposition de la Commission et l’a qualifiée de « grand progrès ». L’eurodéputée Olga Sehnalová s’inquiète toutefois que cette solution ne soit pas la plus adaptée pour lutter contre le phénomène : « [La Commission] dit bien que c’est une pratique déloyale mais, dans le même temps, elle veut définir les raisons soi-disant légitimes de cette pratique pour les producteurs. (…) ces ‘raisons légitimes’ ne doivent pas devenir des excuses pour ménager la chèvre et le chou et qu’au final rien ne change » a-t-elle souligné.