Le Parlement chypriote s’est prononcé en faveur du texte permettant de la culture et de l’usage du cannabis à des fins médicales, rejoignant une vingtaine de pays de l’Union européenne.
Chypre a autorisé l’importation de graines et de plants de cannabis destinés à la culture à des fins thérapeutiques. Les produits dérivés du cannabis pourront donc désormais être utilisés sur ordonnance pour traiter les douleurs chroniques causées, par exemple, par un cancer, le sida, les rhumatismes ou un glaucome.
« Très peu de molécules de synthèse offrent un rapport bénéfice/risque favorable », souligne Jean-Pierre Goullé, professeur de toxicologie à la faculté de médecine et pharmacologie de Rouen. Toutefois, le sujet demeure encore tabou parmi de nombreux pays. « Le sujet est très idéologique », confirme Didier Jayle, professeur d’addictologie au Conservatoire national des arts et métiers.
« Nombre de médecins refusent de s’y intéresser sous prétexte qu’autoriser l’usage thérapeutique conduirait vers la légalisation du cannabis. Les mêmes médecins, prescrivent des dérivés de l’opium (morphine, codéine), sans se poser de question » déplore-t-il.
Une réflexion partagée par le Parti vert de Chypre, à l’initiative de l’impulsion ayant permis une révision de la loi nationale sur les drogues du pays. « Nous espérons que le processus sera lancé immédiatement pour des centaines de patients à la recherche d’une alternative, d’une voie non chimique pour gérer leurs problèmes de santé », a indiqué le parti dans un communiqué
Cette vente relèvera d’un monopole organisé par l’état afin d’éviter le développement d’un marché noir des produits du cannabis récréatif. Des licences d’usage ont ainsi été accordées à seulement trois sociétés pendant les 15 premières années.
Ce faisant, Chypre rejoint la majorité des états membres de l’UE – une vingtaine a déjà adopté des textes permettant un recours plus ou moins ouverts au cannabis et à ses dérivés. En novembre 2019, la Grèce a délivré ses premiers permis pour cultiver du cannabis à usage médical, là aussi dans un cadre contrôlé par l’état afin d’éviter les dérives.
A ce jour, seuls trois médicaments à base de THC sont autorisés en France dans des conditions très restrictives. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a toutefois laissé entendre que Paris pourrait s’aligner sur la majorité européenne sous peu : « Je n’ai absolument pas de doctrine arrêtée sur le sujet. Soit c’est utile et nous le ferons, soit les médicaments sous forme de comprimés suffisent et on s’arrêtera là », déclarait-elle en juillet dernier.