Une étude menée par l’Institut Pasteur et publiée le 26 novembre dans la revue The Lancet Regional Health Europe s’est intéressée aux situations les plus à même d’entraîner une contamination à la Covid-19. Sans surprise, les soirées privées, les discothèques et les bars sont les endroits les plus sensibles, avec des risques de contamination compris entre + 150 % et + 340 % pour les deux premiers et + 90 % pour les seconds.
Moins attendus, le train longue-distance (+ 30 %), le métro (+ 20 %) et la voiture avec des proches (+ 30 %) sont aussi pointés du doigt par les chercheurs. Plus ambiguë sur l’avion, l’étude se veut tout de même rassurante en précisant que les transmissions se font vraisemblablement dans le pays d’arrivée, et non pendant le vol.
Le fait de prendre l’avion n’entraîne pas de risque accru
L’étude menée par l’Institut Pasteur indique que le risque de contracter la Covid-19 est 70 % supérieur pour une personne ayant pris l’avion, par rapport à une personne ne l’ayant pas pris. Les scientifiques précisent cependant clairement que « ces résultats doivent être interprétés avec prudence ». En effet, « il n’est pas clair si l’augmentation du risque associé aux voyages en avion reflète la transmission dans les avions eux-mêmes, ou le risque associé à la destination du voyage » affirme l’étude.
A priori, le recul scientifique et les données existantes pointent largement vers le second scénario. Si l’avion n’est pas un facteur de risque, il est tout à fait possible de contracter la Covid-19 à l’étranger, puis de ramener le virus en France à son retour. Par exemple, « 33,9 % des cas qui ont déclaré avoir voyagé à l’étranger étaient allés en Espagne, où la variante Delta circulait activement pendant la période d’étude », expliquent les scientifiques. Les contaminations en vol demeurent, cependant, très rares.
Des risques amoindris grâce au renouvellement continu de l’air
Les différentes études menées démontrent que l’avion est, parmi l’ensemble des modes de transport — de loin — le plus sûr. En effet, non seulement le port du masque est largement imposé chez les passagers, mais la quasi-totalité des particules infectées disparaissent grâce au système de ventilation avant de contaminer les autres passagers. La communauté aéronautique se veut donc très rassurante. « La qualité de l’air dans les avions est comparable à celle que vous pouvez trouver dans le milieu hospitalier », affirmait Augustin de Romanet, PDG de groupe ADP, pour France Info le 4 mai dernier.
Une affirmation globalement corroborée par les données scientifiques. Une étude de l’École de santé publique T.H Chan de l’université d’Harvard a ainsi souligné que le mode de circulation de l’air dans les avions — à la verticale — et son renouvellement réduisaient drastiquement les risques de propagation des virus et bactéries entre passagers. Dans le cas des modèles Airbus, par exemple, 50 % de l’air renouvelé vient de l’extérieur, tandis que le reste est purifié grâce à des filtres à peu près identiques à ceux des hôpitaux, en capacité de retenir 99,95 % des particules en suspension dans l’air. « Chez Airbus, (le renouvellement de l’air) prend seulement deux à trois minutes » avance, pour France Info, Jean-Brice Dumont, directeur technique de l’industriel. Pour les modèles Boeing, une étude conduite par un groupe de chercheurs du commandement des transports de l’armée américaine en coopération avec la compagnie américaine United Airlines a de son côté révélé que 99,7 % des particules infectées étaient éliminées dans les 5 minutes, avant d’atteindre les passagers les plus proches, grâce au système de ventilation. Dans le cas d’un virus se transmettant largement par aérosol, du nom des nuages de particules que nous émettons en respirant ou en parlant, le renouvellement de l’air, souvent inexistant dans les trains, le métro ou les voitures — quand les fenêtres sont fermées — apparait ainsi comme le principal atout sanitaire de l’avion.
Combien de cas connus dans l’avion ?
Difficile d’estimer exactement le nombre de contaminations liées à un voyage en avion. Mais, les données scientifiques indiquent que les cas demeurent sinon nuls, au moins extrêmement modérés — à condition que les mesures barrières soient respectées. Une étude réalisée conjointement par Airbus, Boeing, Embraer et l’Association du transport aérien international (IATA), à la fin de 2020 et s’intéressant aux contaminations en vol, a répertorié 44 cas susceptibles d’avoir contracté la Covid-19 dans l’avion, pour un total de… 1,2 milliard de passagers, soit un cas pour 27 millions de voyageurs. Une autre étude menée sur des vols transatlantiques de la compagnie Delta Airlines et publiée dans la revue médicale Mayo Clinic Proceedings en septembre 2021 estime quant à elle le risque de se faire contaminer dans un avion à moins de 0,1 %.
Depuis la diffusion de la pandémie de Covid-19, plusieurs cas de transmission effective de la Covid-19 en vol ont malgré tout été répertoriés. Dans leur majorité, ils concernaient cependant des passages non masqués. Un avion avec des passagers respectant les mesures barrières et doté d’un système de renouvellement de l’air aux normes n’est donc, a priori, pas un lieu à risque.
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