L’industrie des boissons alcoolisées veut soumettre à la Commission européenne une réforme du règlement d’étiquetage en vigueur transférant une partie des informations obligatoires sur internet – une mesure décriée par plusieurs associations.
Les représentants de l’industrie de l’alcool ont rencontré le commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire ce lundi afin de discuter d’une éventuelle réforme de l’étiquetage de leurs produits au niveau européen. Les fabricants voudraient ainsi pouvoir décider des ingrédients qu’ils affichent sur leurs étiquettes, rendant l’information complète accessible via des QR codes, codes-barres, liens web ou autres solutions en ligne. Selon l’industrie, l’étiquetage en ligne donne plus d’informations aux consommateurs car l’espace d’affichage disponible est plus important.
« Une fois que nous recevrons la proposition, la Commission entamera immédiatement l’examen de la proposition d’autoréglementation. Nous l’évaluerons à la lumière du règlement concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires et du rapport de la Commission », a réagi le porte-parole de la Commission européenne. « Conformément à sa stratégie pour mieux-légiférer, l’exécutif européen assurera la transparence du processus d’évaluation de la proposition du secteur des spiritueux. »
Pour la Commission, qui avait été saisie sur cette question en mars 2017, la filière ne bénéficierait donc pas d’exemption, et devrait en principe se plier aux mêmes exigences que le reste de l’industrie agroalimentaire. Ainsi « aucun motif objectif [ne justifiait] l’absence d’informations relatives aux ingrédients et d’informations nutritionnelles sur les boissons alcoolisées », notait-elle dans un rapport. « Les besoins et les attentes des consommateurs devraient être les principaux moteurs de l’industrie », précisait-elle.
Des acteurs de la société civile ont mis en garde contre une un transfert de ces informations exclusivement en ligne. D’après elles, la vérification des étiquettes en ligne est non seulement loin d’être systématique à l’achat, mais c’est une option qi défavoriserait certains ménages, dont les plus modestes. « Près de 35 % des Européens de l’ouest ne possèdent pas de smartphone, ce qui empêche l’utilisation de codes QR », a réagi Aleksandra Kaczmarek, membre de l’Alliance politique européenne sur l’alcool (Eurocare).
Ces associations avancent qu’une information complète est cruciale pour orienter le choix des consommateurs. La transparence dans l’étiquetage pour les boissons alcoolisées permettrait « d’alerter le consommateur sur la présence éventuelle de substances nocives pour sa santé : sulfites, résidus de pesticides, sucres… », souligne le Pr Nicolas Simon, président de l’Association Nationale Prévention Alcoologie et Addiction. Or, les règles d’étiquetage pour les boissons alcoolisées ne correspondent déjà pas aux règles déjà en vigueur pour les autres produits alimentaires – notamment en ce qui concerne les informations nutritionnelles.