Après des taxes sur le carbone, le tabac et le sucre, la viande pourrait bien être le prochain produit taxé. Certains gouvernements pourraient ainsi introduire une « taxe sur le bétail » afin de réduire la consommation de viande et leur emprunte carbone.
La prochaine « sin tax » (une taxe imposée spécialement sur un produit considéré comme néfaste pour l’ensemble de la société) pourrait bien viser la viande. Ainsi, nos délicieux steaks finiraient comme la cigarette, le sucre ou le carbone – qui sont axés dans respectivement 180, 25 et 60 pays. Ainsi, ce que beaucoup considèrent comme un droit fondamental – faire de notre santé ce qu’on veut – semble en train de perdre du terrain devant la nouvelle tendance de « taxes de protection du bien-être général ». Vivons-nous à ‘époque des « impôts sanction » ?
L’industrie des viandes et du bétail est actuellement responsable de 15% des émissions des gaz à effet de serre mondiales d’près la FAO. De plus, l’élevage pousse indirectement à la déforestation, alors que de vastes parelles sont déboisées pour faire de la place aux élevages bovins. Des études ont estimé que la production totale de CO2 des industries de la viande et des produits laitiers produiraient 20 gigatonnes de carbone tous les ans à partir de 2050. Ce calcul prend en compte l’augmentation de la population, mais aussi la tendance des pays nouvellement développés à surconsommer de la viande, considérée comme un signe d’opulence.
Les experts soulignent également qu’une réduction de la consommation de viande améliorerait sensiblement la santé de la population. Pour Jeremy Coller, le fondateur des réseaux FAIRR, « les taxes comportementales sont de plus en plus communes. Ces dernières années, 16 pays ont adopté une taxe sur le sucre. Les dégâts que cause l’industrie de la viande sur notre santé et notre environnement l’exposent à des taxes similaires. Il est de plus en plus probable que nous voyons l’idée d’une taxe sur la viande devenir une réalité. » Cependant, les taxes sur le sucre sont loin de faire l’unanimité. Une résistance s’organisera sans doute aussi pour la viande.
« Les investisseurs commencent changer d’avis sur cette question, comme su celle du changement climatique » met en garde Rosie Wardle, responsable du pôle investissements de la FAIRR. Un livre blanc publié par la FAIRR plus tôt cette année cite une recherche de l’université d’Oxford, qui révèle qu’éliminer complètement la viande des régimes alimentaires mondiaux permettrait d’économiser 1 600 milliards de dollars en coûts liés à la santé et l’environnement d’ici à 2050. Une raison suffisante pour mettre la question sur la table pour certains. Et les autres doivent se préparer à défendre leur bout de gras.
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