Alors que les changements climatiques font craindre, à juste titre, des répercussions mortelles pour des millions d’être humains, une menace microscopique tend à se développer fortement dans le plus grand silence. Il s’agit du champignon Cadida auris. Un champignon qui peut s’avérer mortel pour les personnes au système immunitaire affaibli. La menace est réelle d’autant plus les antifongiques n’ont pas les effets escomptés sur ce champignon invisible à l’œil nu.
Identifié pour la première fois au Japon en 2009, le Candida auris, est un champignon qui n’a pas tardé à faire le tour du monde. Pourtant jusqu’au 6 avril 2019 et la publication d’un article dans le New York Times à ce sujet, ce grand voyageur est resté un inconnu du grand public. Un voyageur pas innocent puisqu’il a infecté des centaines de personnes et causé le décès de ses hôtes les plus fragiles. Ce champignon s’introduit dans l’organisme via une blessure ou un orifice naturel comme les oreilles ou les voies urinaires. Le premier cas au Japon a d’ailleurs été trouvé dans une oreille. Une fois dans le corps, le système sanguin est colonisée et le champignon devient mortel. Le taux de mortalité s’élèverait de 30 % à 57 % des cas, dès lors que le champignon a atteint le système sanguin.
Si les effets sont sans conséquences sur les personnes en bonne santé (fièvre, fatigue), la menace est mortelle pour les jeunes enfants, les personnes âgées et tous les individus qui ne bénéficient pas d’un système immunitaire solide. Les patients opérés à l’hôpital sont également une cible de choix pour ce champignon invisible et donc compliqué à découvrir. Deux hôpitaux européens ont été particulièrement touchés : le Royal Brompton Hospital de Londres en 2016 et la polyclinique La Fe de Valence en Espagne en 2017. Le premier établissement est resté fermé dix jours pour une décontamination complète tandis que le second a enregistré 140 infections. Deux épisodes peu médiatisés, les établissements préférant jouer la carte de la discrétion pour ne pas voir leur réputation entachée.
Deux cas ont été recensés en France, un pays qui rejoint la longue liste des endroits touchés : Corée du Sud, Venezuela, Colombie, Inde, Pakistan, Kenya, Koweït et Etats-Unis. Dans ce dernier pays, on peut même parler d’un début d’épidémie avec 309 cas recensés rien qu’à New York. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (CDC) ont réévalué degré de la menace en passant de « menace urgente » à « menace émergente mondiale ». Et pour cause, les antifongiques se révèlent souvent inefficaces. Pour rappel, les antifongiques sont des médicaments capables de traiter les mycoses (infections causés par des champignons microscopiques ou levures). Les chercheurs ont remarqué que le Candida auris, n’a pas besoin de se loger sur un organisme vivant pour survivre. Il peut rester, par exemple, sur un mur pendant des mois à attendre une victime potentielle.
Dix millions de personnes pourraient mourir de ce champignon en 2050 si aucune solution médicale n’est trouvée. Il y a urgence à ce que la communauté scientifique s’intéresse de près à cette menace qui ne doit toutefois pas amener à une psychose. Une poignée de champignons sur les millions recensés dans le monde sont mortels pour l’homme et le Candida auris peut toujours suivre la trajectoire de l’Aspergillus fumigatus qui avait inquiété les experts il y a quelques années avant de retomber dans l’oubli. Reste qu’un vaste travail de prévention et de changement des habitudes dans l’agriculture est nécessaire. L’utilisation massive d’antifongiques sur les cultures pourrait être la cause de ces champignons résistants à tous les traitements connus.