L’Agence du médicament française a créé un comité pour « évaluer la pertinence de développer en France l’utilisation thérapeutique du cannabis ».
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a annoncé, à la demande de la ministre de la Santé, la création d’un comité scientifique qui va statuer sur l’utilisation du cannabis pour les patients atteints de certaines maladies. Mis en place pour une durée d’un an, il travaillera sur l’« évaluation de la pertinence et de la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France » d’après la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.
« Sa mission va se dérouler en deux phases. Il s’agira d’abord d’évaluer l’intérêt thérapeutique du cannabis dans le cadre de certaines pathologies. Après une première évaluation scientifique, il pourra alors, en fonction des données récoltées, assurer la mise en place du cannabis thérapeutique et en préciser les modalités d’accès », explique Nathalie Richard, directrice adjointe des Médicaments à l’ANSM. Son usage premier serait pour traiter les douleurs engendrées par des maladies chroniques.
Selon le Pr Serge Perrot, président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur, « le cannabis soulage certains patients aux douleurs complexes, et qui ne répondent pas aux antalgiques classiques. Mais son effet sur la douleur reste modeste ». Ce dernier note toutefois que le cannabis « réduit également l’anxiété et les troubles du sommeil chez ces sujets, ce qui améliore globalement leur état ».
Le Dr Dominique Martin, directeur de l’ANSM, a annoncé que la composition du comité se fera en vertu de compétences « dans les domaines de la pharmacologie, de la thérapeutique, de la neurologie, de la cancérologie, du traitement de la douleur et des sciences humaines ». Ce dernier précise que « le comité est certes créé pour une durée d’un an mais l’idée n’est pas d’attendre toute une année pour délivrer des informations à ce sujet » et assure des rendus « au fil de l’eau ».
« On parle de préparations à base de plantes, comme les vaporisateurs, les formes orales ou les gélules. La forme fumée présente les mêmes aspects nocifs que la cigarette. Certains paramètres pharmacocinétiques [ndlr : liés à l’absorption de la molécule par l’organisme] ne sont pas favorables », précise Nathalie Richard, qui exclut pour l’instant des tests sur le cannabis à fumer, qui est « est nocif en raison de la combustion ».
Selon les estimations, l’exploitation du cannabis à des fin médicales pourrait apaiser les souffrances de 300.000 patients. Pour l’instant, le Sativex, un spray antidouleur pour les malades de la sclérose en plaques, est le seul à avoir obtenu cette autorisation en 2013. Une trentaine de pays comme le Canada, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne l’ont déjà autorisé pour un usage médical encadré.