Les actualités concernant le coronavirus déferlent dans tous les sens pendant que le monde médical, de première ligne, fait un travail héroïque et où dans certains pays, il doit malheureusement gérer de nombreux morts ! La réalité en Europe devient très inquiétante comparativement à la situation asiatique : on peut lire dans de nombreux médias des titres choc et bouleversants.
« En Italie, la Lombardie est devenue le cimetière de l’Europe », « Les services de réanimation se préparent à trier les patients à sauver », « Les infirmières d’Agen se protègent avec des soutiens-gorge », « 5 millions de masques arrivés de Chine et inadaptés au coronavirus », « L’épidémie a tué plus de 10.000 personnes dans le monde, dont plus de 5.000 en Europe ». « Sur 40 ans de carrière de médecin, je n’ai jamais vécu une situation aussi chaotique ».
Que faut-il faire ? Toutes les solutions occidentales ont été exposées longuement dans des dizaines d’articles et d’émissions, mais rarement les méthodes asiatiques ont été abordées politiquement. Nous vivons toutes et tous en Belgique et en France, le confinement généralisé, qui en l’absence d’autres solutions, doit être respecté rigoureusement. Il parait de plus en plus évident que les simples mesures de confinement deviendront insuffisantes par rapport au virus et surtout en rapport avec les personnes arrivant en Europe. Sans alternative, ce confinement généralisé deviendra intenable humainement et économiquement dans le temps si des solutions de médication ou de vaccination ne deviennent pas rapidement disponibles.
Xiaobo Yang, président de Changjiang Property Insurance Company Ltd et ses collègues à Wuhan, avaient démontré qu’avec le coronavirus, les dirigeants politiques du monde allaient devoir agir très rapidement, car la mortalité des patients gravement malades atteints de pneumonie au SRAS-CoV-2 est substantielle. Comme expliqué récemment dans The Lancet Respiratory Medicine, la gravité de la pneumonie du SRAS-CoV-2 fait peser une grande pression sur les ressources de soins critiques dans les hôpitaux, surtout si elles ne sont pas dotées de personnel ou de ressources adéquates.
À ce titre, analysons les recommandations de l’OMS et les moyens de prévention qui ont été développés par les pays d’Asie. Elles doivent faire réfléchir activement nos gouvernements pour la situation d’urgence actuelle concernant la gestion de l’épidémie et même de la santé en général.
L’OMS :
Le 31 décembre 2019, elle informe le monde de la présence d’une épidémie de pneumonie virale semblable au SRAS à Wuhan. Le 11 mars, l’OMS annonce que l’épidémie se transforme en pandémie. Elle préconise des tests en masse et la mise en quarantaine de toutes les personnes infectées, y compris toutes les personnes avec qui elles ont été en contact.
LA CHINE :
Fermeture des marchés de vente d’animaux vivants le 1er janvier 2020. Le 11-12 janvier 2020, séquençage du génome des pathogènes du coronavirus, étape cruciale pour développer des tests de diagnostics spécifiques et identifier les options d’interventions potentielles. Les premiers kits de tests sont disponibles le 13 janvier 2020.
- Le 23 janvier 2020, des mesures draconiennes de confinement sont mises en place à Wuhan. Le 24 janvier, 15 autres villes chinoises sont mises en confinement.
- Prise de température corporelle généralisée et en particulier dans les entrées de métro et transports publics. Nettoyage permanent des transports publics.
- Les médecins se rendent de maison en maison pour détecter la fièvre et signaler d’éventuelles contagions.
- La société de reconnaissance faciale Megvii cotée en bourse depuis 2019, a installé en test un système de mesure de la température par reconnaissance faciale dans un quartier de Pékin.
- Mise en place dans certains lieux publics précis de caméras infrarouges avec une précision de 0,3 degré Celsius pour mesurer la température corporelle.
- Utilisation d’assistants à reconnaissance vocale capable de traiter 200 appels téléphoniques en cinq minutes et pouvant assister les hôpitaux dans leurs tâches de dépistage.
- Les compagnies de téléphone chinoises et certaines applications (par exemple celles des chemins de fer nationaux) ont mis en place des systèmes grâce auxquels les gens peuvent vérifier si, lors de leurs déplacements en train ou en avion, ils ont été proches ou en contact avec une personne infectée ou malade ou hospitalisée. Cette technologie dans certaines régions de Chine a même été combinée à la reconnaissance faciale et aux plaques d’immatriculation des voitures. L’OMS dans son rapport, déclare : Le succès de la Chine et de la réussite à gérer l’épidémie de coronavirus, repose en grande partie sur un système administratif efficace qu’elle peut mobiliser face à la menace et coupler au consentement du peuple chinois à se soumettre à des procédures de santé publique contraignantes. La Chine dispose d’hôpitaux de pointe et de machines ultramodernes. Le parti communiste a géré la crise en s’appuyant sur les ressorts d’un État paternaliste, capable d’ouvrir une brèche dans une population prête à se mobiliser en masse.
HONG KONG & MACAO :
Le 7 février, Hong Kong impose la quarantaine et des peines de prison pour toute personne enfreignant les règles. Les arrivants à Hong Kong venant de l’étranger reçoivent un bracelet technologique permettant d’être localisé via une application pour pouvoir être contrôlé. Contrôles de température, écoles fermées, désinfectant gratuit pour les mains accessibles à tous les citoyens. Fermeture à Macau de l’industrie des casinos, représentant 40 milliards de dollars
TAIWAN :
Le gouvernement a coordonné ses efforts par le biais de son centre national de commandement sanitaire créé après l’épidémie de SRAS, et a intégré les données digitales des systèmes nationaux de santé, d’immigration et de douane. Les autorités de l’île réagissaient dès le 31 décembre lorsque les premiers signalements d’un nouveau virus non identifié en Chine sont faits par l’OMS le même jour. Le mécanisme interministériel chapeauté par le ministre de la Santé pour coordonner la lutte contre les épidémies, a été activé le 20 janvier. Les voyageurs provenant de Wuhan ont été inspectés par les responsables de la santé avant de débarquer des avions. Le gouvernement a promu rapidement des organismes de santé, promulgué des alertes aux voyageurs dans les pays touchés, financé le personnel militaire pour faciliter la production rapide de masques et interdit les exportations d’articles pour renforcer l’approvisionnement, avant de les rationner. Il a légiféré des sanctions pour la thésaurisation des fournitures médicales, la diffusion de fausses informations et la désobéissance aux ordonnances de quarantaine. Au 11 mars, Taïwan avait testé 270.000 personnes avec une capacité de 15 000 tests quotidiennement, et cela malgré que ce pays soit empêché par Pékin de faire partie de l’OMS et qu’il n’avait pas pu obtenir des informations de première main sur l’épidémie.
SINGAPOUR :
Le 23 janvier 2020 les autorités ont activé le processus de la gestion des épidémies. Un système de quarantaines à domicile strictement appliqué est mis en place avec un programme exhaustif de recherche pour éviter les contacts entre personnes saines et infectées. Toute personne tenue en quarantaine peut être appelée plusieurs fois par jour et invitée à cliquer sur un lien en ligne partageant la position de son smartphone. Des fonctionnaires procèdent également à des vérifications ponctuelles en personne pour garantir l’exactitude. Ceux qui ne restent pas chez eux peuvent s’attendre à une amende pouvant aller jusqu’à 9.000 € ou jusqu’à six mois de prison.
Des contacts sont réalisés par les forces de police en utilisant la vidéosurveillance ainsi que des entretiens avec des patients pour établir des listes de personnes susceptibles d’avoir été infectées.
CORÉE DU SUD :
Distanciation sociale et mise en quarantaine à partir du 27 février. À Séoul, briser la quarantaine est puni d’une amende de 2.300 €. Les personnes en quarantaine sont contactées deux fois par jour pour suivre leur état.
Une traçabilité des personnes infectées est réalisée par leur téléphone et leur carte bancaire pour les informer de la présence d’une personne testée positive. Des stations de tests au volant et des cabines de tests à pression négative afin de vérifier les personnes infectées sont mises en place. Il y a un total de 15.000 tests gratuits par jour, réalisés.
CORÉE DU NORD :
Le 13 février, imposition d’une mise en quarantaine d’un mois à tous les visiteurs étrangers et autres personnes soupçonnées d’être infectées.
RUSSIE :
Le 20 février, la Russie a déclaré qu’elle interdirait l’entrée aux citoyens chinois.
ARABIE SAOUDITE & RIYAD :
Le 8 mars, les autorités saoudiennes ont verrouillé la région orientale du Qatif. Riyad a également déclaré qu’il suspendait toutes les écoles et universités à travers le pays du lundi 9 mars jusqu’à nouvel ordre.
L’Asie a commencé pour certains à agir dès le 31 décembre 2019 quand l’Europe réagit très tardivement, et cela malgré les premiers touristes chinois testés positifs en Italie le 31 janvier 2020. Le gouvernement italien a imposé une quarantaine stricte dans l’État de Lombardie et dans 14 autres régions du nord seulement à partir du 8 mars 2020.
Le nombre de morts au 23 mars 2020 suivant l’Université Johns-Hopkins (https://coronavirus.jhu.edu/map.html) est le suivant : Italie : 5476 – Chine : 3274 – France : 676 – Usa: 471 – Corée du Sud: 111 – Belgique: 75 – Hong Kong: 4 – Taiwan: 2 – Singapour: 2 – Macau: 0
Bruce Aylward, le chef de la délégation de l’OMS qui s’est rendu en Chine, affirmait encore récemment dans le New York Times : « la riposte chinoise peut être reproduite, mais il faudra de la rapidité, de l’argent, de l’imagination et du courage politique ».
COMMENT TRANSPOSER CES SOLUTIONS A L’EUROPE ?
L’arrêt de notre économie va représenter une facture colossale pour nous, nos enfants et petits-enfants. On peut le constater, tous les pays d’Asie ayant vécu la première épidémie de SRAS ont mis en place des moyens technologiques. L’Europe ne pourra se permettre un deuxième arrêt de son économie après le coronavirus. Elle doit anticiper ! Une simple caméra thermique à reconnaissance faciale sur nos smartphones et couplée à un service centralisé pourrait déjà nous faire un bond en avant colossal en matière d’aide à la détection de nos services de la santé et de la prévention des épidémies.
Tirer une conclusion même sur ce que nous devons faire en ce 23 mars 2020 est très difficile compte tenu des spécificités culturelles, technologiques et politiques de la Chine et des autres pays asiatiques. Mais voyant les actions récurrentes des pays asiatiques, les contrôles des personnes infectées aux frontières de l’Europe semblent être une urgence pour arrêter la pandémie.
Il faut que nos responsables politiques aient dans le respect de nos habitudes et de nos cultures, une réflexion au-delà de notre « rationalité » occidentale concernant le concept et le rôle de l’autorité politique. Cette réflexion doit être tant dans les risques de la déclinaison répressive (le contrôle social en Chine par son immense développement technologique) que dans sa potentialité à créer de nouvelles formes de gouvernances 2.0 qui peuvent apporter le bien-être et la sécurité des citoyens d’une nation. Les évolutions technologiques asiatiques utilisées dans la gestion de la pandémie par le coronavirus nous affecteront tôt ou tard un jour et pourraient éviter à l’humanité toute nouvelle pandémie virale.
Sources :
https://www.aljazeera.com/news/2020/01/timeline-china-coronavirus-spread-200126061554884.html
https://twitter.com/SCMPNews/status/1241179721343414272?s=20
https://twitter.com/SCMPNews/status/1240739822764871680?s=20
https://fr.statista.com/statistiques/1091585/morts-infections-coronavirus-monde/