Le tabac à rouler, responsable de maladies plus nombreuses et plus graves que la cigarette manufacturée, pourrait bientôt connaître une hausse des prix, à la demande de députés.
Le Tabac à rouler est de plus en plus populaire en France. Il représente 16% des ventes en 2015, contre seulement 11% en 2005 – une augmentation liée à son prix plus avantageux par rapport aux cigarettes industrielles, frappées par de nombreuses hausses ces dernières années. De fait, la « roulée » reviennent à 27% moins cher que les cigarettes industrielles en prenant en compte le prix des feuilles à rouler et celui des filtres.
D’autres estimations moins raisonnables parlent d’une différence bien plus importante. Ainsi, la fédération d’associations Alliance contre le tabac, estime qu’il est possible de « faire 47 cigarettes environ pour le prix d’un paquet de 20. » Et ce prix réduit attirerait en majorité les jeunes fumeurs – en faisant un produit majeur d’entrée dans le tabagisme.
En outre, le tabac à rouler fait l’objet d’une idée reçue aussi tenace qu’inexacte : il serait moins nocif pour la santé. C’est en réalité tout le contraire, avec un rendement en nicotine et en goudron trois à six fois plus élevé – sans compter que les cigarettes roulées ne contiennent parfois pas de filtre – la quantité de fumée absorbée est le double d’une cigarette classique et la dose de monoxyde de carbone absorbée par gramme de tabac est de 35% supérieure.
Le tabac, moins bien tassé, brûle moins bien et la combustion se fait à une température plus élevée, engendrant une fumée plus toxique. « Vous êtes amené à tirer plus intensément dessus pour avoir votre dose de nicotine. Vous inhalez alors plus profondément et plus longuement la fumée », explique le tabacologue Philippe Castera.
Pour l’heure, le tabac à rouler bénéficie d’un traitement fiscal de faveur, ce qui a amené deux députés, Michèle Delaunay et Gérard Bapt (PS), à demander une hausse de 30% de son prix. Dans un courrier envoyé aux ministres des Finances, de la Santé et au secrétaire d’Etat au Budget, ils dénoncent une « hécatombe financière et sanitaire. » Pour eux, favoriser une cigarette plus toxique en lui assurant un prix de vente inférieur est une erreur « injustifiable ».
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