Le dernier rapport de l’EMCDDA confirme un important accroissement de la consommation de cocaïne dans l’Union européenne.
Le nouveau rapport européen sur les drogues 2019, réalisé par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, révèle que les saisies de drogue ont atteint un volume sans précédent en Europe. Si le cannabis continue à être la première drogue illégale consommée dans l’Union, avec plus de 17 millions d’utilisateurs en 2018, c’est la cocaïne qui bat tous les records, avec plus de 140 tonnes de saisies en 2017 par les autorités européennes, soit plus du double des saisies de l’année précédente.
Cette poudra blanchâtre produite à partir des feuilles de coca est ainsi devenu au fil des années le premier stimulant illicite d’Europe avec 3,9 millions de consommateurs annuels, « n’a jamais été aussi importante ». Une situation qui résulte du développement d’un un « marché des drogues concurrentiel » souligne le rapport avec un prix de vent e compris entre 55 et 82 euros le gramme en fonction du pays, de la pureté du produit et de la filière.
Son importation depuis différents pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale (principalement en Colombie, en Bolivie et au Pérou), passe par les airs (vols réguliers, fret aérien, jets privés), mais aujourd’hui « la plus grande partie passe en contrebande dans le fret maritime, notamment dans des conteneurs », souligne le rapport. C’est en Belgique (45 tonnes) et en Espagne (41 tonnes), que les saisies ont été les plus importantes, loin devant la France (17,5 tonnes) et les Pays-Bas (14,6 tonnes).
Le rapport note le développement « centres d’appels spécialisés dans la cocaïne » qui emploient des coursiers et livrent la marchandise directement chez les clients. les échanges se font via des services de messagerie cryptée, type Whatsapp. Les revendeurs y partagent également des offres promotionnelles. Cet « esprit d’entreprise » témoigne d’une « ubérisation potentielle du commerce de la cocaïne ».
« Les progrès technologiques, exploités par les vendeurs, rendent plus difficile la lutte contre la disponibilité de la cocaïne », a souligné Dimitris Avramopoulos, commissaire européen aux Affaires intérieures, lors d’une présentation du rapport devant la presse à Bruxelles. « La valeur de ce marché, qui reste petite par rapport à l’ensemble du marché de la drogue, double chaque année » note pour sa part le directeur de l’OEDT, Alexis Goosdeel.
Aujourd’hui, le trafic de rue est de plus en plus supplanté par les sites de vente du darknet. Selon Dmitris Avramopoulos, « ce rapport illustre la complexité du phénomène de la drogue en Europe. […] Nous devons également nous pencher sur le marché digital des drogues. Il n’y a pas de temps à perdre et il nous faut être coordonnés aux niveaux national, européen et international ».