L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) s’est dotée d’une méthode pour évaluer la toxicité des produits chimiques composés de plusieurs substances.
L’EFSA n’avait pas commencé l’année en odeur de sainteté. Début mars, à la demande de plusieurs parlementaires européens, le tribunal de l’Union européenne avait annulé une décision de l’institution. Les juges avaient estimé que le refus opposé à la demande des députés européens d’accéder à une partie des études non publiées des études sur les risques de cancer liés au glyphosate n’était pas légitime.
« La divulgation des informations qui ont trait à des émissions dans l’environnement […] est réputée présenter un intérêt public supérieur par rapport à l’intérêt tiré de la protection des intérêts commerciaux », a estimé le tribunal. L’affaire avait provoqué un mouvement de questionnement de l’organisme européen, que beaucoup estimaient trop opaque.
Aussi, en réaction à la nouvelle, et pour faire taire la critique, l’EFSA a mis au point un cadre méthodologique harmonisé à l’usage de ses groupes scientifiques, permettant d’évaluer la toxicité de mélanges de substances chimiques, à savoir l’« effet cocktail ». Pour des raisons liées au processus d’homologation des produits chimiques, l’évaluation de leur toxicité se faisait jusqu’alors toujours de manière isolée.
« Il arrive parfois que les substances chimiques interagissent, ce qui signifie que leur toxicité s’accroît ou décroît [lorsqu’elles sont en présence d’autres substances]. Les interactions de ce genre sont plutôt rares, mais il faut vérifier leur existence, particulièrement si elles conduisent à une hausse de la toxicité », explique Christer Hogstrand, président du groupe de travail de l’Esa sur les mélanges chimiques
« Nous avons veillé à ce que le document d’orientation constitue un outil pratique en le soumettant à une consultation publique en 2018 – au cours de laquelle nous avons recueilli plus de 300 commentaires – et en impliquant les parties prenantes tout au long du processus », explique le Dr Tobin Robinson, à la tête de l’unité « Comité scientifique et risques émergents » de l’EFSA.
« Nous utilisons déjà certains de ces principes et de ces outils, par exemple, lorsque nous devons évaluer des groupes de pesticides ou de contaminants. Dorénavant, lorsque nous constaterons qu’une approche spécifique aux mélanges chimiques est nécessaire, ce cadre méthodologique nous placera dans une position plus forte pour mener à bien cette tâche » ajoute-t-il.