
Les personnes qui boivent de l’alcool régulièrement, mais modérément, ont moins de chances de développer une démence que les abstinents, d’après une étude britannique.
Une étude publiée dans la revue médicale BMJ le 1er aout dernier met en lumière un phénomène surprenant. Les buveurs modérés d’alcool seraient moins affectés par la démence sénile que les abstinents. Cette étude se fonde sur l’observation de 9 087 fonctionnaires britanniques nés entre les années 1930 et 1950 – et le développement de démence sénile dans ce groupe, en fonction de leurs habitudes quotidiennes. Il ressort de l’expérience que ceux qui, entre la trentaine et la cinquantaine, déclaraient ne jamais boire d’alcool ont finalement couru un risque 47% plus élevé d’être atteints par cette perte des capacités cognitives, par rapport à ceux qui buvaient dans la limite recommandée (1 à 14 unités d’alcool par semaine).
En revanche, ceux qui buvaient plus que la limite recommandée avaient un risque encore plus élevé de souffrir de la maladie. Une étude franco-canadienne publiée dans The Lancet Public Health en début d’année soulignait qu’une consommation excessive d’alcool excessive augmentait considérablement les risques de développer un démence. « Les résultats de notre étude démontrent que consommer de l’alcool en excès multiplie par 3 le risque de développer toutes formes de démence, et en particulier la démence précoce, qui, lorsqu’elle commence avant 65 ans, est la cause de nombreux décès prématurés », mettait en garde le Docteur Rehm, co-auteur de l’étude, réalisée sur plus d’un million de malades français hospitalisés.
Même son de cloche pour les auteurs britanniques : « en aucun cas, les résultats observés chez les abstinents ne doivent encourager les personnes ne buvant pas à commencer à boire de l’alcool », a affirmé l’auteur principale, Séverine Sabia (Institut national de la santé et la recherche médicale). L’alcool engendre en effet de nombreux risques pour la santé, outre la démence (cancer, cirrhose, maladies cardiovasculaires…). Les conclusions relatives aux abstinents à l’alcool « doivent être interprété avec prudence, car cela a des chances de renvoyer à d’autres problèmes de santé et à des différences culturelles », a commenté un chercheur en gériatrie qui n’a pas participé à l’étude, Clive Ballard (université d’Exeter).
En revanche il ne s’agit pas de la première étude qui fait le lien entre une consommation modérée de vin à une meilleure santé. Ce dernier contient en effet des polyphénols, bénéfiques pour le système nerveux ou cardiovasculaire. Cette étude souligne par ailleurs que parmi ces Britanniques observés, les buveurs modérés consommaient davantage du vin, tandis que les grands buveurs étaient plus portés sur la bière.
La démence touche 5 à 8% des plus de 60 ans dans le monde, soit 50 millions de personnes dans le monde, d’après l’Organisation mondiale de la santé.